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La vague française de 1954:

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20 juin 1954, Péronne, Somme:

Référence pour ce cas: 20-juin-54-Péronne.
Merci de citer cette référence dans toute correspondance avec moi en rapport avec ce cas.

Résumé:

Le très "sceptique" journal national Libération du 2 octobre 1954 publiait une interview de l'astronome Evry Schatzmann, membre de l'Union Rationaliste, qui y expliquait que les "soucoupes volantes" étaient une "psychose" causée par la presse à sensation, par des "litérateurs de science fiction", et basée sur les phénomènes naturels ordinaires pris pour des "soucoupes volantes" par leurs témoins.

Un des exemples de tels phénomènes naturels cités par Evry Schatzman était la parhélie, phénomène qui fait apparaître de faux soleil en même temps que des halos, et qui s'explique par la présence en haute atmosphère d'aiguilles de glace prismatiques hexagonales: "La concentration des rayons lumineux (soleil et lune) en air calme sur ces cristaux produit des taches lumineuses à droite et à gauche du soleil ou de la lune, à une distance égale au rayon de halo de 22 degrés 5. Il se produit plus souvent un second halo avec d'autres soleils ou d'autres lunes, d'un diamètre angulaire double."

Evry Schatzmann donnait cet exemple:

C'est ainsi que les habitants de Péronne ont cru voir une éclipse de soleil imprévue les 20 et 21 juin. Il s'était produit un halo normal d'une intensité exceptionnelle, dont M. Daniel Roguet, correspondant astronomique, a décrit les effets en ces termes:

"A certain moments, selon la variation des cirrus, l'intérieur du halo était gris-noir très foncé et les concours irrisés du halo aussi éclatants que celles d'un très bel arc-en-ciel, avec, au delà, un ciel laiteux, légèrement ocré, formant un magnifique contraste avec la partie centrale".

Rapports:

[Ref. lin1:] JOURNAL "LIBERATION":

Scan.

UN AVIS AUTORISE

"SOUCOUPES VOLANTES?
Pas sérieux!"

nous déclare le professeur Schatzman maître de recherches à l'institut d'Astro-Physique

Il n'y a jamais eu autant de "soucoupes volantes" dans l'air. Du moins en France: cette semaine un médecin savoyard et quinze autres automobilistes voient un disque mystérieux danser comme un ludéon au-dessus de la Croix-du-Nivollet, une paysanne, près de Valence, se fait embrasser par un pilote d'un engin mystérieux, enveloppé de cellophane comme un vulgaire bifteck, un cultivateur de la Vienne se fait tutoyer par un Martien, un chauffeur de locomotive perd le contrôle de sa machine, dans l'Ille-et-Vilaine, en apercevant une boule de feu qui fond sur lui, etc.

Hier après-midi, c'est un cantonnier des ponts et chaussées de Coulommiers, M. Bernard Goujon, qui, voulant s'approcher d'une soucoupe typique à trois pieds, posée à l'orée du bois de Maisoncelle, ressent un picotement de la tête aux pieds et voit l'engin s'envoler en lui passant à vingt-cinq mètres au-dessus de la tête.

Pour corser le tout, des journaux à sensation publient des photos prises par des amateurs et même un journal autrichien a pu annoncer que des soucoupes avait jeté des tracts anticommunistes au-dessus de la Tchécoslovaquie.

A quand les pèlerinages sur les lieux de prédilection de ces visiteurs de notre planète?

Mais qu'en est-il au juste tous ces phénomènes qui se multiplient périodiquement depuis 1947 et à propos desquelles le Pentagone a maintenu la "commission soucoupe" créée par feu Forrestal?

Jacques DEROGY

Suite page 3, Col. 2

Scan.

SOUCOUPES VOLANTES

Suite de la P. 1 - Col. 6

Si l'on s'adresse aux milieux scientifiques les plus qualifiés, on rencontre deux attitudes: celle qui consiste à refuser de répondre sous prétexte que le problème ne se pose pas, et celle qui consiste à soumettre à un examen critique les témoignages publiés et à fournir à l'opinion publique, égarée et excitée par la presse, les éléments positifs lui permettant de reconnaître les phénomènes naturels.

Cette dernière attitude est celle de M. Evry Schatzman, maître de recherche à l'Institut d'astrophysique et chargé de cours en Sorbonne, à qui nous avons demandé d'éclairer nos lecteurs.

Est-il vrai que des savants commencent à prendre au sérieux les soucoupes volantes?

- Je n'ai jamais rencontré aucun astronome pour ajouter foi aux histoires de soucoupe volante. J'ai personnellement lu bon nombre d'ouvrages sur ce sujet, en cherchant à saisir la signification exacte des témoignages rapportés. En admettant les descriptions faites de bonne foi - ce qui est toujours à mettre en doute - il en résulte toujours une perplexité quant aux éléments qu'on peut en tirer. Dans la majorité des cas, ils sont incompréhensibles: on ne sait ni l'heure précise, ni la durée, ni la direction exacte des phénomènes, ni même s'il s'est produits de jour ou de nuit. Ou alors ils sont rendus infidèles par des détails impossibles à distinguer. Et ils sont rapportés avec l'intention de faire croire au mystère. Quand on a une description précise et complète, on peut se dont il s'agit et qui peuvent faire illusion pour l'imagination échauffée d'un public sciemment trompé pour des buts à la fois commerciaux et politiques.

Pouvez-vous nous décrire de tels phénomènes ?

La liste en allons que est pas encore épuisé, car il faut tenir compte des phénomènes atmosphériques et météorologiques encore inconnue. Parmi les phénomènes qui peuvent ainsi donné lieu à des méprises, voici les plus caractéristiques, sans parler des visions suscitées par les causes d'inquiétude populaire, comme ces parachutistes repérés par des artilleurs en mai 1940 qui, tous les soirs tiraient sur... Vénus !

1. Le lever et le coucher des planètes (surtout Vénus et Jupiter);

2. Les "étoiles filantes" et les "bolides": il en arrive une tonne par jour sur la terre. La lumière est produite par l'échauffement de l'air sur la trajectoire météorique. Les plus petites étoiles filantes, visible à l'oeil nu, sont des grains de matière de 1 milligramme qui se volatilent totalement entre 120 et 90 kilomètres. Seule, la chute rapide au sol limite la destruction complète des bolides qu'un parcours plus long dans l'atmosphère anéantirait également;

3. Les phénomènes de "parhélie", qui font apparaître de faux soleil, en même temps que des halos, et qui s'expliquent par la présence en haute atmosphère d'aiguilles de glace prismatiques hexagonales. La concentration des rayons lumineux (soleil et lune) en air calme sur ces cristaux produit des taches lumineuses à droite et à gauche du soleil ou de la lune, à une distance égale au rayon de halo de 22 degrés 5. Il se produit plus souvent un second halo avec d'autres soleils ou d'autres lunes, d'un diamètre angulaire double.

C'est ainsi que les habitants de Péronne ont cru voir une éclipse de soleil imprévue les 20 et 21 juin. Il s'était produit un halo normal d'une intensité exceptionnelle, dont M. Daniel Roguet, correspondant astronomique, a décrit les effets en ces termes:

"A certain moments, selon la variation des cirrus, l'intérieur du halo était gris-noir très foncé et les concours irrisés du halo aussi éclatants que celles d'un très bel arc-en-ciel, avec, au delà, un ciel laiteux, légèrement ocré, formant un magnifique contraste avec la partie centrale".

4. Les boules de lignes à haute tension qui servent de repères aux aviateurs ont été prises récemment pour des engins mystérieux par des cyclistes qui, la nuit, voyaiet ces boules balayées par le phare d'un aérodrome.

5. Les ballons-sonde des météorologistes.

6. La foudre en boule: ce sont des configurations qui se produisent à de certains orages, avec un équilibre de charge précaire.

7. Le phénomène du mirage en atmosphère. Vous savez comment il se produit au sol: les rayons lumineux ne se propagent pas en ligne droite dans l'air chaud, mais ils viennent se réfléchir sur la pellicule d'air surchauffée, par exemple par le goudront [sic] des routes l'été. Vous croyez voir alors des flaques d'eau devant vous. L'inversion de température en altitude provoque également un changement de l'indice de réfraction: D'où les faits pour un aviateur de voir un point lumineux se diriger droit devant lui, alors que ce point à sa source réelle au sol.

L'objet, qui semble toujours aller à la vitesse de l'aviateur, est d'ailleurs caractéristique de l'objet situé à de très grandes distances.

- Mais n'est-il pas possible de concevoir scientifiquement des engins terrestres comparables aux soucoupes aperçues ici et là?

- Non, car les grandes vitesses dont les "témoins" prétendent ces engins animés ne pourraient être atteintes que dans les régions d'air raréfié, à la limite de l'atmosphère. L'action mécanique de l'air sur leur surface aurait tôt fait de disperser les molécules de la substance dont ils seraient faits.

En somme, pour résumer la pensée du savant, il y a dans ces histoires de soucoupes volantes trois éléments à distinguer:

1. Un élément scientifique: discussions des observations, explication des phénomènes naturels, explication sociologique des phénomènes d'hallucinations collective.

2. Un élément logique: incohérence des opinions et des témoignages.

3. Un élément politique: excitation de l'opinion publique, substitution de problèmes imaginaires à des problèmes réels, etc.

Comme nous le dit M. Schatzman, en nous quittant:

- On a l'hystérie collective que l'on peut.

Notes:

Libération était un journal de gauche, et les journaux de gauche suivaient une "ligne du parti" dit "rationaliste" concernant les "soucoupes volantes", à savoir, qu'elles ne pouvaient pas exister, qu'elles étaient toujours "psychose" ou "hallucination collective" ou méprises et canulars divers.

On voit ici Evry Schatzmann, homme très à gauche (ce n'est évidemment pas disqualifiant, c'est une indication "socologique"), astronome et membre de "L'Union Rationnaliste", énumérer un certain mombre de causes de méprises, ce qui est fort louable d'autant que ni à l'époque ni de nos jours les journalistes ne font d'effort notables pour comprendre les observations, se contentant d'établir plus ou moins valablement une "bonne foi" ou une "mauvaise foi" des témoins.

Ce qui se révèle ici est une certaine morgue journalistique, une suffisance, une paresse, qui se traduisent entre autres par l'assimililation de personnes qui se méprennent à des personnes victime d'une "psychose".

La chose la plus notable ici est que les publications "sceptiques" assurent bien souvent que les journaux déforment les faits. Et bien, c'est tout le contraire, c'est ici Libération qui publie des âneries que l'on ne retrouve nullement dans les autres journaux du moment. Qu'en en juge:

Libération nous dit qu'un "médecin savoyard et quinze autres automobilistes voient un disque mystérieux danser comme un ludéon au-dessus de la Croix-du-Nivollet". Mais ce cas avait déjà été expliqué dans la presse.

Libération nous dit qu'une "paysanne, près de Valence, se fait embrasser par un pilote d'un engin mystérieux, enveloppé de cellophane comme un vulgaire bifteck". Passons sur le "vulgaire bifteck", sur l'absence de date et de lieu, et précisons: non, la "paysanne" n'a jamais dit avoir été "embrassée" par le pilote de lengin mystérieux. Pure invention de Libération!

Libération nous dit qu'un cultivateur de la Vienne se fait tutoyer par un Martien", Encore faux: selon les affirmations du (faux) témoin, ce "Martien" avait "émit des sons incompréhensibles".

Libération nous dit qu'un un chauffeur de locomotive perd le contrôle de sa machine" en apercevant une boule de feu qui fond sur lui". Faux encore: le contrôle de la machine n'a nullement été perdu, et la "boule de feu" n'avai pas "fondu sur lui".

Libération nous dit que "Hier après-midi", alors que la date était le 30 septembre et non le 1 octobre, "c'est un cantonnier des ponts et chaussées de Coulommiers", (alors qu'il y avait eu d'autres (faux) témoins) qui voulant s'approcher "d'une soucoupe typique à trois pieds", a ressenti un picotement de la tête aux pieds et "voit l'engin s'envoler en lui passant à vingt-cinq mètres au-dessus de la tête", alors qu'il n'est question que de passage à 25 mètres au-dessus du sol.

Dans cet article, avec ces quatre affaires, Libération, au lieu de mener l'enquête, de vérifier, avait just battu le record 1954 de la sensationnalisation et de l'invention journalistique!

L'auteur, Jacques Derogy, ancien résistant et communiste, a pourtant su être un journaliste d'investigation important et renommé... mais pas sur le sujet des "soucopes volantes".

Explications:

Carte.

Il n'y pour moi pas de doute sur le fait qu'une parhélie peut susciter l'étonnement de ses témoins, voire qu'ils l'interprètent comme un phénomène à classer comme "soucoupe volante" ou OVNI.

Cependant, il semble que cet exemple donné par Evry Schatzman soit bien mal choisi, puisque selon son propre récit, le habitants de Péronne ont pris ce phénomène pour une éclipse su soleil, et non pas pour une "soucoupe volante".

Pour le moment, je n'ai trouvé nulle autre trace de cet affaire ni dans la presse de l'époque ni dans la littérature ufologique.

Mots clés:

(Ces mots clés sont uniquement destinés à aider les recherches et ne préjugent pas des faits.)

Péronne, Somme, parhélie, éclipse, cas négatif, multiple, irrisé, halo, arc-en-ciel

Sources:

[----] indique des sources que je n'ai pas encore pu consulter.

Historique du document:

Version: Créé/changé par: Date: Description:
1.0 Patrick Gross 25 juin 2025 Première publication.

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Cette page a été mise à jour le 25 juin 2025.