L'article ci-dessous est paru dans le quotidien régional Le Courrier Picard, France, page 3, le 23 octobre 1954.
Pour la première fois depuis longtemps, nous n'avons eu à signaler, hier, aucune apparition d'engins étranges dans le ciel de Picardie. Les "Martiens" se lasseraient-ils d'observer notre monde ou bien les "Terriens" s'habitueraient-ils finalement aux visions fantasmagoriques qui leurs sont si largement dispensées?
Le courrier que nous avons reçu au cours des dernières vingt-quatre heures n'apporte guère de témoignages nouveaux, hormis ceux de quelques Amiénons qui auraient distingué "quelque chose" dans le ciel, hier, vers 14 heures, "au-dessus de la Cathédrale".
A Monsboubert, avant-hier soir, vers 20 h. 40, M. Paul Coulombel, cultivateur, ex-pilote de l'aviation civile et M. Fernand Poirel, garde-champêtre, ont pu contempler une sorte de "boule lumineuse suivie d'une traînée d'étincelles multicolores", qui se déplaçait du Sud-Ouest au Nord-Est.
Nous avons reçu encore la confirmation d'un phénomène d'apparence naturelle dont nous avons été nous-mêmes témoins, lundi dernier, vers 21 heures. Des habitants d'Eramecourt et d'Ercheu, ont vu, en effet, comme nous, et aussi deux instituteurs d'Amiens, un aveuglant aérolithe qui éclaira violemment le ciel nocturne durant quelques trop brèves secondes.
D'autres lecteurs, que nous remercions ici, nous transmettent leurs opinions personnelles sur les problèmes astronomiques en général et les hypothèses - parfois catégoriques - qu'ils croient devoir tirer des évolutions d'engins inconnus ou indéterminés.
Nous nous permettrons de leur donner un conseil. Celui de demeurer prudemment, pour l'heure, dans la dubitation, et se conformer, en cela, à l'attitude adoptée, par les plus distinguées sommités de ce temps.
N'est-ce point, au reste, la marque des savants réels, cette incertitude perpétuelle nées de la relative petitesse de la science acquise devant l'immense inconnue des problèmes non résolus?
Soyons sages et n'anticipons pas. Surtout, gardons-nous des spéculations hasardeuses, dans un sens comme dans l'autre et bornons-nous à constater ce que nous croyons voir, en attendant la révélation qui se manifestera (peut-être) un jour ou l'autre.