L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Le Télégramme de Brest et de l'Ouest, Brest; France, page 3, le 25 octobre 1954.
![]() |
Quimper, 24. -- Dans toute affaire de soucoupe volante, il convient, avant d'étudier le témoignage proprement dit, d'évoquer la personnalité du témoin. La valeur de l'un dépend en effet de l'autre, tant peut être grande en cette matière la place de l'imagination et du rêve.
Michel Hénaff, de Plogastel-Saint-Germain, est un solide garçon de 20 ans, maçon de son état, que l'étrange spectacle dont il a été témoin n'empêchera pas de se marier dans quelques jours. Employé chez M. Jean Jourdain, entrepreneur à Plogastel, il est considéré par ses camarades et par son employeur comme un ouvrier irréprochable: compétent, travailleur et sobre. M. Jourdain, qui est également notre dépositaire, le tient en haute estime.
- Ce que dit Michel, disait-il hier, doit être pris au sérieux.
Quant à M. Gorraguer, directeur d'école à Plogastel, il connaît Michel Hénaff pour l'avoir eu autrefois dans sa classe, où celui-ci se révélait un élève intelligent. Dans la cuisine de la ferme de Kervil où nous avons trouvé Michel Hénaff, on remarque, accroché aux mur, son diplôme de certificat d'études, portant une mention bien qui témoigne des qualités de l'élève qui l'a obtenu.
Michel Hénaff n'a pas refusé de nous décrire ce qu'il a vu.
- Je n'en avais pas parlé autour de moi si ce n'est à mes parents et à quelques camarades, mais puisque vous me le demandez, ma foi, je veux bien.
UNE LUEUR DANS UN CHAMP
Le mardi 12 octobre, vers 19 h. 30, Michel Hénaff se rendait chez des parents habitant une ferme voisine de la sienne. Le temps était mauvais, il tombait un crachin qui précipitait la tombée de la nuit. Pour couper court, il avait quitté la grande route et marchait à travers champs. Longeant un talus, il aperçut soudain à sa hauteur, dans le champ voisin, et de l'autre côté du talus, le plus éloigné de lui (à 60 mètres environ), une lueur rougeâtre, masquée en partie par de la lande.
- J'ai pensé, dit-il, à une personne qui se trouvait dans le champ avec une lampe électrique. Cela m'a étonné, mais sans plus. J'ai seulement remarqué que si elle avait une lampe, celle-ci éclairait rudement bien, et j'ai continué mon chemin.
A 40 METRES DU SOL
C'est en arrivant en haut du champ que Michel Hénaff, intrigué tout de même par cette lueur, se retourna.
Il fut littéralement stupéfait: à 300 mètres de lui et à 40 mètres environ au-dessus du sol, il vit s'éloigner en prenant de la hauteur un engin lumineux et rougeoyant, dont il peut donner une description précise.
- Cet engin avait à peu près la forme d'un essaim d'abeilles aux contours un peu imprécis.
"Il était lumineux et volait très vite. A la partie médiane, j'ai distingué des sortes d'ailes qui semblaient bouger. La forme de cet engin était celle qu'a dessinée la petite écolière de Gouesnach, Annick le Bris, dont j'ai vu la photo dans "Le Télégramme".
- Selon vous, cette soucoupe venait-elle de quitter le champ?
- Pour moi, cela ne fait aucun doute. La lueur était exactement celle que j'ai vue dans le champ, à peine un peu plus forte peut-être.
La soucoupe a ensuite pris de la hauteur et, en 5 ou 10 secondes, a disparu à la vue de M. Hénaff en volant vers l'est, c'est à dire en direction de Quimper.
Nous avons demandé à M. Hénaff quelles dimensions il attribue approximativement à cet engin.
- 1 m. 50 environ de hauteur, nous a-t-il répondu, et autant de diamètre. Quant au bruit, je n'ai rien entendu.
Le témoin a ressenti à la vue de ce spectacle un sentiment étrange.
- Sur le coup, j'ai été seulement stupéfait, mais après j'avais un peu peur. Si j'avais su, dit-il, j'aurais traversé le champ et je me serais approché un peu, sans aller tout de même trop près.
Les champs dans lesquels se trouvait M. Hénaff et la soucoupe sont de vastes pâturages bien plats situés dans une campagne qui est loin d'être déserte. C'est pourquoi l'on peut s'étonner que d'autres personnes n'aient pas vu la soucoupe, car l'heure n'était pas très avancée; notre question à ce sujet n'étonne pas Michel Hénaff.
- Je me suis moi-même demande cela en lisant parfois dans les journaux les récits d'apparition de ces engins mystérieux. Mais, maintenant, je ne le fait plus. Si je ne m'étais pas retourné au bout du champ, un peu par hasard, un peu parce que la lueur aperçue m'intriguait, je n'aurais rien vu et jamais je ne me serais douté que je venais de passer près d'une soucoupe, dont l'apparition dans le ciel n'a duré que quelques secondes. Rien d'autre ne pouvait attirer mon attention.
Michel Hénaff ne parle guère de ce qu'il a vu et ne cherche à convaincre personne.
- Je comprends l'attitude des autres, dit-il. On ne croit que ce que l'on voit, et moi, auparavant, je raisonnais également ainsi. Mais maintenant, je suis tout de même obligé de reconnaître qu'il y a quelque chose.
Ce garçon plein de bon sens et de sagesse ne s'en inquiète d'ailleurs pas outre mesure, pensant que nous aurons un jour l'explication de tous ces phénomènes.
Pour l'instant, il a d'autres préoccupations, et puisqu'il doit bientôt convoler en justes noces, nous en profiterons pour lui présenter nos compliments et nos meilleurs vœux.