L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Paris-Presse, Paris, France, page 1, le 16 octobre 1954.
Voir le dossier du cas.
au-dessus du Vaucluse
DEUX coups de téléphone ont pu faire croire, hier après-midi, aux aviateurs de la base d'Orange-Caritat (Vaucluse) que le dossier des soucoupes volantes allait, grâce à eux, s'enrichir de témoignages sérieux, mais la réalité, très vite, devait les faire déchanter. La soucoupe qui leur avait été signalée au-dessus de Fontaine-de-Vaucluse et à la poursuite de laquelle, de bonne foi, ils s'étaient aussitôt lancés, n'existait pas. Les habitants du village avaient une imagination plus grosse que les yeux.
C'est vers 13 heures que parvint à la base la première communication. Elle émanait du secrétaire de la mairie de Fontaine-de-Vaucluse, M. Boudin.
"Je vous appelle, disait celui-ci, parce que vous êtes pilotes de chasse, pour vous signaler que depuis une heure environ, une soucoupe volante se tient immobile dans le ciel, exactement audessus de la mairie du village."
Si elle provoqua une certaine surprise, cette nouvelle rencontra surtout du scepticisme parmi les officiers. Le commandant de la base, toutefois, appela lui-même le maire, M. Jean Garcin, qu'un arrêté interdisant "la fabrication, le transport et l'usage de la bombe atomique sur le territoire de la commune" rendit célèbre en son temps.
"La soucoupe, répondit le maire, est immobile. Elle est toujours sous les yeux des villageois qui sont rassemblés sur la place et elle se trouve à une altitude d'environ quatre cents mètres."
Comme des pilotes devaient peu après décoller pour leur vol habituel d'instruction, le commandant de la base leur donna comme mission de se diriger vers Fontaine-dc-Vaucluse.
En un instant, les avions à réaction prirent l'air, tournoyèrent au-dessus du vallon de Vaucluse et revinrent à leur base sans avoir rien vu. Ils avaient tout juste constaté qu'une foule nombreuse avait suivi avec intérêt leurs évolutions. Mais de soucoupe, point.
L'incident paraissait clos lorsqu'à 15 h. 30, un nouveau coup de téléphone signala à la base de Caritat que la soucoupe qui venait de disparaître du ciel de Fontaine-de-Vaucluse se trouvait maintenant à la frontière italienne, à la verticale du mont Genèvre.
Mais cette fois personne ne se dérangea.
(Lire en dernière page notre enquête sur le problème des "soucoupes".)