L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Le Libre Poitou, Poitiers, France, page 5, le 30 septembre 1954.
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Nous avons relaté dans nos éditions d'hier la déclaration que nous fit M. Yves David, le cultivateur de Vouneuil-sur-Vienne, qui affirme s'être trouvé en présence d'un engin mystérieux.
C'est dans la soirée de mardi que nous avons appris l'événement. Les gendarmes de Bonneuil-Matours, auquel nous téléphonons aussitôt, ne sont pas au courant - nous les faisons d'ailleurs bien rire avec notre histoire. En conséquence, nous décidons de partir sur les lieux, à Montgamé.
Nous avons un ami dans le pays et sept chez lui que nous nous adressons en premier lieu.
"- Nous venons pour la "soucoupe volante". Vous devez bien être au courant?"
"- Nous avons entendu parler de l'affaire dans la journée et on nous a dit qu'il s'agirait d'un nommé David. Il n'habite pas le village et nous ne le connaissons pas. Le père Machin (le nom nous échappe) doit bien le connaître. Nous allons le chercher".
Le père Machin ne fait aucune difficulté. Il a la verve assez facile d'ailleurs. Abandonnant les deux cannes dont il se sert pour se déplacer, il prend place sur un siège et commence à nous dire ce qu'il sait. Il ne sait d'ailleurs pas beaucoup.
- "Des soucoupes volantes? Des histoires a fait rire." Puis, haussant les épaules, il poursuit: "Il faut bien inventer quelque chose. Je n'y crois guère. D'ailleurs ça ne se peut pas. Des Martiens sur la Terre? Comment voulez-vous qu'ils y viennent? Ils seraient deux à avoir vu la "soucoupe". C'est ce qu'on m'a dit. Il y avait David et un autre dont je ne sais pas le nom. David, c'est le fils, il ne demeure pas là. Il est aux Breloux, à deux kilomètres d'ici. Ses parents demeurent plus bas. Vous n'avez qu'à rejoindre la route, descendre vers le Pontereau et, lorsque vous aurez fait une centaine de mètres, vous prendrez le chemin à gauche."
C'est Mme David mère qui nous reçoit. Nous lui indiquant l'objet de notre visite.
- "J'en sais rien, mon cher monsieur! On le dit, mais Yves ne nous en a pas parlé. Voici comment on l'a su. C'est à son frère qu'il en a touché deux mots au cours du déjeuner. En présence de lui seul il lui précisa qu'il ne dirait rien parce que ceci s'était passé il y a une huitaine de jours et qu'il ne voulait pas qu'on se moque de lui. Mais son frère nous l'a répété."
Et Mme David d'ajouter:
- "Yves est venu dimanche pour faire sécher du tabac. Je voulais lui en parler, mais ai oublié de le faire. Quand je vais le voir, je lui demanderais ce que c'est que tout ça."
Comme on le voit, l'entourage le plus familier de M. David ne semble pas plus préoccupé que cela de cette histoire de "soucoupe volante", il y en a tellement.
Cependant, sur une question que nous posons à Mme David mère, il nous est répondu que la "soucoupe" se serait posée sur la route de Vouneuil à Cenon, entre le Pontereau et les Rabottes. C'était là la première précision.
- "Allez donc voir mon fils, il ne doit pas être encore couché, nous dit Mme David. Il demeure au Breloux. Il vous donnera toutes les indications."
C'est devant sa porte, que nous trouvons M. David qui, aimablement, ne fait aucune difficulté pour répondre à nos questions.
Sa déclaration, nous l'avons donnée hier. Il nous faut quand même y revenir.
M. David revenait de l'un de ses frères, demeurant à Targé, par la route de Cenon à Vouneuil-sur-Vienne. Le phare de son vélomoteur "piquait" sur la chaussée de sorte qu'il ne pouvait y voir très loin. Soudain, sur cette chaussée, venant au-devant de lui, il vit une "cuirasse" sur la route. M. David s'arrêta et son phare s'éteignit. La "cuirasse arriva" à sa hauteur et le toucha en même temps qu'elle émettait des sons inintelligibles. Puis, la "cuirasse" se retira et se dirigea vers un engin qui se trouvait posé sur la chaussée. Aussitôt, une lumière verte apparut, d'une telle intensité que M. David, les mains sur son guidon, fut pris de peur et se trouva paralysé. Sans aucun bruit, l'engin s'éleva dans le ciel à la verticale et disparut. Le tout n'a duré que 15 secondes environ.
- "Une fois l'engin disparu, je repris mes sens et remis ma machine en route. Inutile de vous dire que j'étais encore sous l'impression de la peur et que je filais sur la route sans me préoccuper de ce qui pouvait bien se passer autour de moi."
Et Mme David de nous dire de son côté:
- "Si vous l'aviez vue, Monsieur, lorsqu'il est arrivé. Il était agité et il me dit: "je viens d'avoir bien peur". Je croyais qu'il avait failli être victime d'un accident. Mais non! Il me raconta sa rencontre, il était méconnaissable."
Nous poursuivons nos questions à M. David.
- "Cette cuirasse, de quelle hauteur pouvait-elle bien être? Etait-ce une sorte de robot?"
- "C'est cela, une sorte de robot, ayant la figure approximative d'un scaphandrier. Elle avait la hauteur d'un enfant d'une quinzaine d'années. Quant à l'engin, je ne peux pas dire exactement la forme qu'il avait, mais ce que je puis assurer, c'est que c'est le feu vert qui m'a le plus impressionné. J'étais paralysé et incapable de quoi que ce soit."
Et M. David insiste toujours sur ce "feu vert".
- "Etes-vous retourné sur les lieux pour remarquer s'il y avait des traces?"
- "Ma première idée, le lendemain matin fut d'aller y voir. Puis je me suis dit: non. Vous comprenez, lorsque la chose est arrivée, j'étais seul. Il n'y avait aucun témoin. On m'aurait pris pour un fou. Cependant, je me confiais à un ami. Celui-ci me dit d'en parler à la gendarmerie. J'avais peur qu'on se moque de moi. Aussi je recommandais à cet ami de se renseigner discrètement si, ce soir-là, dans la région, personne n'avait vu quelque chose vers la même heure. Mais au bout de quelques jours, l'ami en parla un peu trop et, depuis samedi, tout le monde ne parle que de la "soucoupe volante" dans la région de Vouneuil.
Sur ses paroles, après avoir vidé un verre, nous quittons M. Yves David et sa famille.
En descendant le chemin raboteux qui nous ramène sur la route goudronnée, dans notre voiture, nous échangeons nos impressions. Nous avions déjà des renseignements les plus élogieux sur l'intéressé. Nous les avions recueillis au cours de nos pérégrinations dans Montgamé, lieu où nous nous étions adressé d'abord. Nous en avions également obtenu par ailleurs. On nous a dit: "David n'est pas un monteur de coups". Il est sérieux et ne dit rien à la légère.
Alors, faut-il y croire?...
Il est évident que l'annonce d'une "soucoupe volante" qui serait descendue sur terre aux environs de Vouneuil-sur-Vienne n'a pas créé l'émotion que certains auraient pu s'imaginer. Il est tellement courant d'en voir un peu partout que cela devient presque une habitude.
Cependant, toute la journée d'hier, ce fut le sujet de bien des conversations. Et on n'en parlera certainement pendant quelques jours encore. Pensez donc!... Une "soucoupe volante" sur le territoire de l'arrondissement de Châtellerault, il n'y avait bien que là, dans le département, où cela pouvait arriver en premier.
On y croit ou on n'y croit pas. Les échanges de vues ne sont pas motif à drame, chacun reste sur ses positions.
Cependant, même pour les plus sceptiques, cela pose malgré tout un problème. "Et si c'était vrai?" se dit-on secrètement.
La révélation de M. Yves David n'en a pas moins troublé un peu l'opinion. Mais, généralement on pense plus à une découverte ultra secrète dont on procède aux essais qu'à une descente de Martiens sur terre nette de "soucoupes volantes".
L'avenir nous apprendra certainement la vérité, car enfin, il faudra bien la connaître un jour.
Hier, le Radio-Circus était dans nos murs. A 18 heures, sur le boulevard Blessac avait lieu sa parade. Il n'en fallut pas plus pour rassembler plusieurs milliers d'auditeurs.
Le populaire Zappy Max présentait cette parade avec la verve qu'on lui connaît bien. L'ambiance fut grande et des applaudissements nourris vinrent saluer les artistes professionnels ou amateurs.
Le fait sensationnel fut la présentation de M. Yves David, le cultivateur de Vouneuil-sur-Vienne, qui nous affirmait, mardi soir, avoir vu un engin mystérieux sur la route, alors qu'il rejoignait son domicile.
M. David fut invité à dire ce qu'il avait vu le dimanche 19 courant, vers 22 heures.
Le sympathique cultivateur, devant des milliers de personnes refit exactement la déclaration qu'il nous révéla lors de notre visite nocturne.
H. BUSSEREAU.