L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Le Nouveau Nord Maritime, France, page 1, le 30 septembre 1954.
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Ah! nous avons bien cru la tenir notre soucoupe. Ou encore un cigare volant. Ou enfin - et pour nous consoler - l'un de ces nombreux engins qui hantent, sur un rythme effrayant, depuis quelques semaines nos cieux tourmentés.
Cela a commencé le plus banalement du monde. Quelqu'un nous a dit, avec un rien de mystère: hier, vers midi, une chose étrange a été aperçu dans le ciel de Malo-les-Bains, vers la mer.
Comme nous l'attendions, comme nous l'espérions cette nouvelle. Et bien que nous soyons depuis longtemps préparés à nous aventurer - après tant d'autres - dans l'hallucinant domaine des Martiens - ou autre étrange voyage interplanétaire - la fièvre s'est emparé de nous.
Le premier "témoin" n'était pas le bon. Il avait seulement "entendu dire". Fort heureusement, celui qui avait vu, vu de ses yeux était là. L'espoir grandissait en nous.
Patiemment nous lui arrachâmes quelques bribes et nous pûmes reconstituer la "chose".
Une sorte de champignons de fumée, succédant à un coup plus sourd que celui du tonnerre s'était élevé au-dessus de la plage de Malo-Terminus. Une boule aux contours flous et de couleur indéfinissable s'en était dégagée; après un moment d'immobilité, elle s'était éloigné HORIZONTALEMENT vers la mer. Notre homme ajouta: "D'autres ont vu comme moi". Mais il n'avait osé avancer le mot de soucoupe et encore moins celui de cigare, prenant la précision pour une aventure trop dangereuse.
Qu'importe, il restait un mystère. C'était l'essentiel.
L'enquête continuait.
Rapidement les hypothèses les plus variés fusèrent.
"C'était une explosion du côté de Minck" dit une femme. Etonnant! D'autant plus qu'à Dunkerque personne n'avait rien entendu.
"La terre a tremblé à 12 h. 15" affirmèrent trois nord-africains en même temps que les tenancières d'un café perdu dans les dunes. Intéressant!
"Nous n'avons rien entendu et nous n'avons rien vu" assurèrent les ouvriers d'un chantier de la digue. Décevant.
Et puis l'enquête tourna court dans la cité de baraquements d'où la "chose" avait été "vue".
"Je suis certain qu'il s'agissait de tirs en mer" expliqua avec commentaires techniques à l'appui l'un des habitants. Une telle affirmation aurait dû mettre fin à tous nos espoirs.
Opiniâtrement nous resserrâmes pourtant le filet et ce fut pour entendre une dame nous dire: "J'ai perçu des coups répétés; je suis sortie et j'ai vu." nous étions émule à l'extrême, littéralement suspendu. La révélation fut brutale: "J'ai vu, poursuivit notre interlocutrice, très loin vers la mer une sorte de petit ballon noir - comme un ballon d'enfant - qui montait dans le ciel".
A partir de là nous avons cessé nos questions de peur de voir exploser une bulle de savon.
Tant pis! Encore un mois qui se termine et toujours pas de soucoupe pour Dunkerque.
Ce n'est pas faute d'en chercher et de scruter le ciel.
Peut-être faudra-t-il demander au Syndicat d'Initiative ou à quelque autre organisme aussi influent de s'occuper sérieusement de cette question d'intérêt mondial. Nous aussi nous avons droit à notre soucoupe sous peine que Dunkerque ait une fois de plus l'impression d'être frustré.
Couros
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En page 7 et 9