-> AccueilCliquez!
This page in EnglishClick!

Ufologie:

De lanternes, de nucléaire, de taille et de photos

On trouve sur le site du MUFON aux USA ce rapport d'un enquêteur français sur une observation dite d'OVNIS de 2017:

https://www.mufoncms.com/files_jeud8334j/89574_submitter_file1__CRdobservationOVNIdu27novembre20172.pdf

Résumé de l'observation selon le rapport:

Le 27 novembre 2017 le témoin principal sort de son domicile de Gréoux-les-Bains en France avec son épouse pour préparer son véhicule pour se rendre dans la région de Grenoble pour ses obligations professionnelles. Il voit une forte lumière jaune dans le ciel, qui semble se rapprocher de lui, et au bout de quelques secondes reste immobile. Elle semble alors être à la verticale du site ITER à une hauteur angulaire estimée à 10°.

Le témoin évalue sa "taille apparente" comme environ 3 cm à bout de bras.

Le couple contemple le spectacle, en se demandant de quoi il peut bien s'agir. Il n'y a aucun "feu de signalisation réglementaire pour un aéronef" visible, pas de bruit particulier audible en provenance de la source lumineuse. Leur chien ne manifeste aucune réaction particulière.

Le témoin a utilisé son smartphone Samsung Galaxy S6 équipé d'un capteur de 16 mégapixels et prend trois cliché à 18:36:47, 18:36:52, 18:36:58. Le "phénomène lumineux" semble alors s'éloigner dans la direction d'où il est venu et disparait dans le lointain en quelques secondes, selon une trajectoire rectiligne vers le sud-ouest," ce qui a dû l'amener à passer à proximité, voir survoler le site ITER" ainsi que le village de Saint-Paul-Lez-Durance.

Les témoins voient alors une seconde source lumineuse décoller du sol, d'une position approximativement située à verticale de celle où la première lumière avait stationné. En moins de 3 secondes, elle gagne la position précédemment occupée par la première lumière. Le témoin prend encore trois clichés, et à 18:39:38 une séquence vidéo d'une minute 14 secondes.

L'intensité lumineuse "semble connaitre quelques fluctuations, à moins que cela ne soit dû aux turbulences atmosphériques en basse couche." Dans la seconde moitié de la vidéo, il y aurait eu "plusieurs flashs dans le ciel, dissociés de l'OVNI en cours d'éloignement. Peut-être sont-ils produits dans le lointain par le premier OVNI à moins qu'il ne s'agisse de bruit électronique ou autre artéfact, voir l'effet induit par le scintillement d'étoiles..."

Mon commentaire:

Lanternes.

A la simple vue des photos, et lecture du récit, une première explication à priori plausible devrait faire surface: celle qu'il se soit agi de lanternes thaïlandaises.

Mais dans la totalité du rapport d'enquête, cette idée n'est même pas évoquée, pas une seule fois!

Je ne vais pas ici expliquer plus avant pourquoi le minimum évident était de faire savoir qu'on y avait au moins pensé, et que la nécessité était bien là d'expliquer, si tel était le cas, pourquoi cela n'aurait pas été des lanternes thaïlandaises.

Taille angulaire.

Dans le rapport, il est dit que le témoin avait évalué la "taille apparente" à 3 cm à bout de bras. Il s'agit du diamètre apparent, d'où peut être déduit la taille angulaire.

Soit.

En principe, il convient d'évaluer au cours de l'enquête cette taille angulaire de manière très procédurale. Sur les lieux, dans les mêmes conditions, et en utilisant des comparateurs (par exemple des petits ronds de papier) en proposant un intervalle allant se rétrécir jusqu'à une évaluation finale. C'est-à-dire, faire tenir un rond certainement trop grands, demander si le phénomène était plus grand ou plus petit, s'il était plus petit, faire tenir un second rond très très petit, demander si le phénomène était plus grand ou plus petit, s'il était plus grand, repasser à un rond qui est le second en taille, et ainsi de suite. Par approximation successive, on "cerne" ainsi la taille angulaire.

Mais le problème majeur n'est pas là. Il est dans les déductions que l'on a fait à partir de cette taille angulaire. Je cite:

Le calcul donnerait alors, selon la formule (Distance du phénomène x taille apparente) / longueur du bras = taille du phénomène, soit (9000 x 0,03) / 0,68 = 397 mètres!!!! (Remarque: 0,68m est la longueur du bras pris pour référence).

Ce raisonnement est totalement faux. En aucune façon, il n'est possible à partir d'une taille angulaire, de déterminer une taille réelle. 3 cm à bout de bras ne peuvent absolument pas permettre de calculer ces "397 mètres", sauf à connaître également la distance à laquelle se trouve l'objet.

Or, cette distance donnée ici comme "9000" (9 kilomètres), n'a strictement aucune valeur. En aucun cas il n'est permis d'affirmer la moindre distance. Je pense que l'enquêteur a simplement décidé arbitrairement que puisque l'OVNI était dans la direction d'ITER, il devait donc être au-dessus d'ITER, et que la distance est donc celle séparant le témoin d'ITER. Mais non.

Pour un objet dans le ciel, s'il n'est pas identifié, il est certes possible, et même crucial, de donner une taille angulaire, une élévation, une direction d'observation (etc.), mais, sauf exceptionnellement, il n'est pas possible de donner une distance. On ne connaît pas la taille réelle de l'objet, on ne connait donc pas sa distance! On ne peut pas affirmer connaître la distance seulement parce que l'objet semble être au-dessus d'un point connu, cela ne donne pas une position ni une distance, cela reste une simple direction d'observation.

J'ai parlé d'exceptions à cela. En bref, elles sont:

Sauf en ces cas, qui ne se présentent pas ici, la distance reste inconnue, et la taille réelle ne peut pas être déduite de la taille angulaire.

Ce qui peut être déduit, c'est une relation entre la taille angulaire et diverses distances.

Dans le cas présent, on peut bien dire que l'objet mesurait 397 mètres si il avait été à 9 kilomètres, mais on ne peut pas dire qu'il avait été à 9 kilomètres et on ne peut donc pas dire qu'il mesurait 347 mètres. Il aurait aussi bien pu mesurer 300 mètres que 50 centimètres...

Quand l'enquêteur dit:

Il serait intéressant d'aller prospecter la zone des champs s'étendant au sud de Gréoux-les-Bains, en quête d'éventuelles traces au sol.

Il devrait être compris que puisqu'on ne sait pas du tout que l'objet ait été dans tel ou tel champ, il y a a explorer tous les champs entre le témoin, les installation ITER, et au-delà, sur la bande correspondant à la direction d'observation...

Le mieux aurait été de se renseigner sur d'éventuels mariages, fêtes, dans ce secteur ce soir-là. Les lanceurs de lanternes thaïlandaises demandent parfois l'autorisation de le faire à leur mairie. Noter également que certains lancent des lanternes dans les jours précédant la fête proprement dite, pour "essayer" - les lanternes sont vendues 1 € dans certains magasins.

L'enquêteur écrit:

Pour ce qui concerne la direction d'arrivée et de départ du phénomène, on peut donc émettre, qu'à défaut d'avoir stationné directement à la verticale du chantier ITER, ou des installations mitoyennes du CEA à Cadarache, ces deux objets les ont probablement survolées.

Eu égard à la nature particulière et hautement sensible de ces deux sites (Même si pout ITER l'installation n'est pas encore opérationnelle), on ne manquera pas d'envisager la possibilité qu'il puisse s'agir là d'un nouvel épisode à verser au chapitre déjà très fourni des OVNI et du nucléaire.

Dans mon opinion, c'est là de la "pensée magique". Puisque l'on parle d'une connexion entre OVNIS et installations nucléaire - celle-ci est occasionellement bien avérée - l'enquêteur qui semble pourtant bien être conscient que ces "OVNIS" n'ont pas forcément survolé ITER ou Cadarache, tient à envisager cette possibilité. Et en fait une sorte de fait avéré lorsqu'il donne la distance, alors que rien ne vient étayer cela.

Au fur et à mesure que des ufologues "établissent" ainsi des "connexions OVNI / nucléaire" purement arbitraire, les affaires dans lesquels ce lien devrait être pris au sérieux sont noyés dans ce "bruit" de cas où cette connexion est douteuse. dommage.

Soyons juste, l'enquêteur écrit également:

On peut donc également supposer que la distance est plus courte que celle envisagée initialement, d'autant qu'entre Gréoux-lesBains et le site ITER, il y a une vaste plaine couverte de champs, qui serait un site plus approprié pour un atterrissage en toute discrétion, et auquel cas, on serait dans des fourchettes de distances de l'ordre de 3 à 4 kms.

Dans cette seconde hypothèse, le calcul de taille donnerait une dimension pour la source lumineuse de l'ordre de 44 mètres (On a pris dans ce cas une distance de 3 kms, et une taille apparente à bout de bras d'un centimètre).

Mais enfin, tout ceci est encore présenté en toute ignorance d'une possibilité plus simple, celle de lanternes thaïlandaises plutôt que d'engins inconnus cherchant un champ discret...

(Entre le lieu d'observation et les installations ITER, il n'y a pas que des champs, il y a à 4 kilomètres le village de Vinon-sur-Verdon.)

Photos.

L'enquêteur dit, je cite:

L'étude des images disponibles va révéler des détails fort[s] intéressants, laissant entrevoir une structure porteuse possiblement en forme de soucoupe (!).

Il entend alors nous assurer avoir découverte par analyse des photos la forme de l'OVNI et des détails. Pour résumer, en partant de photos montrant ceci:

Il abouti à cela:

Mais il y a deux gros problèmes rendant ceci caduque.

Le premier problème est l'emploi du lissage des pixels. Comme on le voit sur ce qui est présenté comme photo originale, nous avons un point lumineux assez petit sur une importante portion de fond de ciel.

Ce point lumineux est capté par l'appareil photo sous forme d'un certain nombre de pixels. Fort peu.

Si j'agrandis l'OVNI en ne changeant pas le nombre de pixels existant réellement dans l'image, j'obtiens, avec un agrandissement de 1000% (10 fois):

Ici, chaque pixel de l'image originale est représenté maintenant par un carré de 10 pixels sur 10 pixels. Procédant ainsi, je n'ajoute aucun artefact lié à l'agrandissement. On voir simplement ce que l'appareil photo a réellement pu enregistrer.

Il se trouve que la plupart des logiciels de traitement d'image ne procèdent pas ainsi. C'est bien normal, car cette méthode donne un résultat peu plaisant... lorsqu'il s'agit de photos de famille par exemple. Qui veut voir apparaître ces gros pixels?

Alors, par défaut, ces logiciels "lissent" ces gros pixels, ils font une moyenne entre les bords des pixels adjacents. On peut dire qu'ils rajoutent du "flou artistique" pour que ces vilains pixels disparaissent.

Mais cela a des conséquences. Tout d'abord, ce n'est pas une réelle "amélioration". La définition de l'image n'est pas réellement "augmentée". Si l'image originale n'est pas également présentée, cela est même trompeur, donnant une "qualité" apparente meilleure que celle de l'image originale. Ensuite, le lissage est accompagné d'artefact divers.

Voici mon agrandissement, encore une fois de 1000% mais cette fois avec une certaine dose de lissage:

Ceci étant rappelé - je l'ai déjà expliqué antérieurement - venons-en à la suite.

Il peut être tentant, image lissé ou non, d'interpréter ce que l'on voit là comme des "éléments de structure", de voir des "dômes", "tuyères" et je ne sais quels plasmas et rayonnements.

Je peux jouer à cela également, et même obtenir des "éléments" différents, ce qui montre que tout ceci est de toute façon quelque peu suggestif. Par exemple, avec l'image 1, je peux fort bien voir un "train d'atterrissage":

Seulement voilà: je peux tout aussi bien obtenir des "détails de structure" avec des photos de lanternes thaïlandaises:


Lanternes thaïlandaises "soucoupes" avec
dôme au centre (Kingersheim 12 juin 2006).


Lanterne thaïlandaise avec
"éléments de structure" sombres autour,
et "plasma" rouge au-dessous
(Mulhouse 21 janvier 2013).


Lanterne thaïlandaise avec "ionisations" diverses
(Mulhouse 14 février 2014).

Quelques explications: les "faisceaux" ou partis plus claires de fond de ciel au-dessous, à côté ou au-dessous de "l'OVNI" sont parfois simplement causées par un "bougé" au moment de la prise de vue. Ils peuvent aussi être causés par une illumination d'un banc de brume par la lumière de l'objet.

Les parties fortement noircies autour d'une source lumineuse sont des artefacts. Le logiciel interne de l'appareil essaye d'éviter des zones trop claires et des zones trop sombres. Là ou se trouve la "boule lumineuse", la lumière est très forte par rapport au ciel noir alentour, le logiciels de l'appareil atténue cette "saturation" lumineuse mais cela "déborde", rendant le ciel plus noir autour ou sur les côtés de la source lumineuse.

Valid XHTML 1.0 Strict



 eMail  |  Début  |  Retour  |  Avance  |  Plan  |  Liste |  Accueil
Cette page a été mise à jour le 17 janvier 2018.