L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Libération, Paris, France, page 7, le 25 octobre 1954.
![]() |
C'est avec satisfaction que l'on peut constater depuis une semaine un changement de ton dans la presse dite à sensation au sujet des "soucoupes volantes". Les "Martiens" ont quitté la une des journaux, Paris-Presse reconnaît avoir été victime d'une mystification et l'Agence France-Presse paraît avoir cessé de délirer. C'est tant mieux.
Nous n'avons pas cesser ici de démontrer, à chaque occasion, le mécanisme des mystifications, des hallucinations et des perceptions fausses qui ont gonflé le mythe des "soucoupe", à défaut de dossier, toujours vide de pièces à conviction. Nous n'avons pas hésité à demander des sanctions à l'encontre des témoins de mauvaise foi et une prise de position de la part des pouvoirs publics qui ont laissé se développer cette psychose dans le pays, au moment même où se posaient des problèmes capitaux pour l'avenir du pays.
Nous avons également décidé de nous abstenir de publier les récits incontrôlés que nous recevions chaque jour, sans manquer de donner les exemples de canulars ou d'illusions dont nous avions la preuve. En voici deux nouveaux:
La semaine dernière, des automobilistes affirmaient avoir vu dans la région de Morestel (Isère) un engin mystérieux qui avait dû atterrir près de cette localité. De fait, un cultivateur d'un hameau voisin devait constater la présence dans un champ d'un "appareil étrange" qui émettait une lumière intermittente.
Or, il s'agissait d'un ballon-sonde avec ses instruments enregistreurs qui comportent des ampoules dont la lumière varie suivant certaines conditions de température. Le ballon portait l'adresse de l'observatoire météorologique de Trappes (S.-et-O.).
D'autre part, l'ouvrier boulanger de Loctudy (Finistère) qui, en pleine nuit se crut suivi, de la cour de la boulangerie jusqu'à son fournil par un Martien couvert de poils et aux yeux énormes est revenu de ses émotions. Il s'agissait en effet d'une chèvre savantes appartenant à un cirque de passage, et qui s'était aventurée jusqu'à la boulangerie.
Washington, 24 octobre. -- Récemment rentré d'Afrique du Sud où, six mois durant, il a étudié la planète Mars, un astronome, le docteur Slipher, assure avoir découvert de nouvelles preuves que la vie végétale - mais non la vie humaine - existe sur Mars.
D'après ses observations, la végétation sur Mars doit être extrêmement simple.
Etant donné la raréfaction de l'oxygène et l'absence d'eau, il ne semble guère possible qu'une vie animale analogue à celle de la Terre existe dans les conditions qui règne sur Mars, dit-il.