La "soucoupe" de Valensole:
Dépression nerveuse pour l'auteur du récit
VALENSOLE (C.P.). -- Valensole connait depuis dimanche une
affluence peu commune et le quartier de l'Olivol est devenu un lieu de pèlerinage célèbre.
C'est là, en effet, au beau milieu de la campagne éclatante de couleur, où le doré des champs
de blé se mêle au bleu des plantations de lavande, que M. Masse dit avoir vu un engin mystérieux.
A part le piétinement de quelques mètres carrés de terrain et un trou semblable à
celui laissé par un pieu arraché, c'est tout ce que les curieux peuvent maintenant apercevoir.
Ils sont cependant nombreux à venir contempler ce champ, et le chemin qui y conduit est, à tout
instant de la journée, encombré par des voitures issues des départements du Var, des Bouches-du-Rhône,
du Vaucluse, de la Seine et même de la Belgique. Les visiteurs arrivent sur les lieux avec le
même désir de découvrir quelque chose d'insolite. Ils repartent tous avec le même sentiment
de déception.
En effet, ce lopin de terre ne présente aucune anomalie susceptible de faire naître chez un
humain une quelconque sensation. Il sent bon la lavande et le vent le balayant hier, ne
transportait non pas des pellicules radioactives [sic], mais uniquement de la poussière rouge,
comme la terre du plateau.
Dans le village, l'affaire est déjà passée au second plan de l'actualité. Les
gendarmes, harcelés de questions pendant deux jours, ont retrouvé la sérénité
et peuvent s'occuper des affaires courantes. Quant à l'auteur du récit, M. Maurice Masse,
certains habitants de Valensole nous ont dissuadés fermement de le rencontrer. Cet homme
serait depuis hier matin, en proie à une dépression nerveuse. Cette nouvelle navrante nous a été
confirmée par plusieurs témoins dignes de foi. Par ailleurs, à aucun moment nous
ne nous sommes permis de considérer les personnes ayant de près ou de loin connu cette affaire, comme
ayant été crédules. Nous avons tout simplement, comme l'exige notre mission d'informateurs, agi
avec prudence. Notre devoir ne nous a pas commandé d'exploiter outrancièrement une
affaire affligeant maintenant un homme et toute une famille qui se seraient passés
bien volontiers de tous les ennuis suscités par une publicité tapageuse.
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