L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Paris-Presse, Paris, France, page 4, le 21 octobre 1954.
"LES soucoupes volantes? Peuh! Je sais ce que c'est. J'en ai tenu un fragment entre les mains."
Cette déclaration sensationnelle émane d'un opérateur de cinéma de Pont-l'Evêque, M. Blain.
- J'étais lundi sur le terrain d'aviation de Reventin - Vaugris dans la vallée du Rhône lorsque, peu après le passage d'un stratojet Mme Lelandais, femme d'un moniteur de la base crut voir évoluer un certain nombre de "soucoupes" en forme de parachutes. Elles variaient d'altitude, d'aspect, de couleur et disparaissaient soudain. Une demi-heure plus tard, une pluie de "toiles d'araignées" tombait dru sur le terrain. Nous en ramassâmes à pleines mains. C'était une matière blanchâtre, douce au toucher en même temps que caoutchouteuse, s'agglomérant puis fondant à la chaleur de la main sans laisser de traces. Nous avons pu en conserver pendant cinq heures dans une boite étanche et la photographier.
Cette matière, M. Blain l'affirme, est issue des réacteurs des Stratojets qui empruntent quotidiennement la vallée du Rhône (à moins qu'il ne s'agisse de filandres, plus connus sous le nom de fil de la Vierge, produits en automne par diverses espèces d'araignées volantes).
D'habitude, les réacteurs des Stratojets, contrairement à ceux des autres avions à réaction, ne laissent pas de traînée derrière eux. Lundi, pourtant, il se forma derrière l'appareil, évoluant à près de 10.000 mètres, une traînée fort curieuse, vapeur légère qui se solidifiait en volutes épaisses à deux ou trois kilomètres du lieu de leur formation.
L'explication de la formation de cette "masse fondante" produite dans certaines conditions par les Stratojets amène les techniciens à formuler cette hypothèse: les traînées produites ressemblant à celles des avions à réaction ordinaires peuvent être dues à l'injection d'eau dans les réacteurs. A l'origine de ce phénomène, il y aurait le fait que cette eau, projetée dans les chambres à combustion à près de 1.800 degrés subit une désagrégation moléculaire par contact avec le gaz de combustion. Il se produit, de ce fait, une réaction chimique qui aboutirait à la formation de la curieuse matière décelée lundi à Reventin-Vaugris.
Voilà peut-être éclairci le mystère des "soucoupes" observées il y a deux ans à Oloron et Gaillac et qui présentent toutes les caractéristiques du phénomène observé par M. Blain. Mais les cigares? Mais les balances? Mais les Martiens? Ah! qui nous donnera l'explication des Martiens embrassant les paysans au nom de la fraternité inter-sidérale?
Le dernier modèle de soucoupe volante est jumelé. Une soucoupe plus une soucoupe égale une balance, si on les réunit par un fléau. Aussi bien c'est une balance aux plateaux orange et rouge qu'ont vue, à Royan, M. et Mme Labassière. Ces deux plateaux, après s'être immobilisés en l'air, se sont séparés et posés à proximité, dans un champ. Deux petits hommes sont sortis de chaque boule et ont changé de plateau. Les deux plateaux se sont ensuite ressoudés et ont disparu dans un éclair éblouissant.
A vrai dire, soucoupes, cigares et autres engins interplanétaires se sont montrés peu actifs hier. Des cultivateurs de Villepinte (Aude) et lieux circonvoisins; des natifs de Tréveneuc (C.-d.-N.) et de St-Quay-Portrieux; un métallurgiste d'Aire-sur-la-Lys et le maire de Nexon (Hte-Vienne) en ont vu. Voilà un sujet de conversation pour les veillées. Malheureusement, nul "Martien" ne se trouvait à bord.