L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Paris-Presse, Paris, France, page 5, le 20 octobre 1954.
CURZIO MALAPARTE a manqué le livre de sa vie.
Une soucoupe volante bourrée de "Martiens" comme une rame de métro à six heures du soir s'est posée sur la terrasse de sa villa d'été à Capri. Et Malaparte n'était pas là! Déçus, les Martiens qui voulaient probablement se faire dédicacer "La Peau" sont repartis.
C'est un peintre, Raffaele Castello, qui les a vus. Il se promenait la nuit au cap Maroulo quand il aperçut un énorme disque de cinq mètres de diamètre se posant délicatement sur la villa malapartéenne. Quatre des Martiens - ils étaient de petite taille, vêtus de combinaisons et parlant à voix basse - entrèrent chez l'écrivain. Une demi-heure après, ils s'en furent sans avoir même emporté un livre. Ils remontèrent dans l'engin qui, jetant de classiques lueurs bleuâtres, s'éleva de manière aussi perpendiculaire que silencieuse et disparut vers la Sicile. Adieu Martiens!
Soucoupes et cigares divers ont voleté un peu partout en Italie, au Portugal, en Belgique, en Espagne (ce sont les premiers, le régime franquiste ayant paru intimider jusqu'ici les Martiens) et naturellement en France. Ont été favorisés de leur vision nos heureux compatriotes Pierre Pouquet à Saint-Germain-les-Belles (Haute-Vienne), Perrichou et Mme, à Uzel (Côtes-du-Nord), Meunier à Pont-l'Abbé-d'Arnoult (Vendée) [Charente-Maritime], Boulineau à Luçon, Jean Aufard à Sisternes-la-Forêt (Pas-de-Calais), Perrault et Villerot à Brain, près Decize, Decréquy, maréchal des logis de gendarmerie à Pommier (Pas-de-Calais), Filatte, cultivateur à Noyeux (Eure).
Ce M. Filatte, courant â travers champs pour observer la soucoupe, a chu dans une mare et failli se noyer.
LIVOURNE. 19 octobre. (AFP.) - "Ils me persécutent... Ils viennent me chercher... Je les ai vus atterrir dans un champ... Des soucoupes, grandes et petites... Des lumières et des fumées... Les Martiens... Les Martiens...", c'est en criant ces morceaux de phrases exprimant sa profonde agitation que M. Bruno Senesi, 34 ans, s'est présenté à l'hôpital de Livourne, demandant à être aidé. Mais lorsque l'infirmier revint avec le médecin de service, Senesi avait disparu. On le retrouva caché sous un lit, secoué de violents frissons.
A l'asile, son état inspire de l'inquiétude.