L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Paris-Presse, Paris, France, page 5, le 10 octobre 1954.
"Il faudra éclaircir cette affaire-là..." dit le commandant de gendarmerie
(De notre envoyé spécial Charles DAUZATS.)
DIJON, 9 octobre
"ENVOYEZ à Dijon, de toute urgence, les procès-verbaux relatifs aux traces mystérieuses du phénomène de Poncey-sur-l'Ignon": tel est l'ordre adressé hier par le commandant Viala aux enquêteurs chargés d'éclaircir l'énigme de la "cloche volante" de la Côte-d'Or.
- Il faut tirer cette affaire-là au clair, nous dit le commandant. Les rapports des brigades seront transmis à diverses autorités la solution dépend peut-être d'elles. Si l'on considère raisonnablement les faits, si l'on s'en rapporte aux témoignages de braves gens qui, malheureusement, pèchent par leur imprécision, ou qui, au contraire, se sont forgé une opinion après coup, et d'une vessie ont fait des lanternes, on doit, en effet, envisager trois possibilités:
"La première est celle-ci: on a vu réellement des objets dans le ciel, mais il pourrait s'agir d'hélicoptères. Dans notre région, les déplacements de tels appareils ne sont pas rares.
"Seconde possibilité: la cloche volante de Poncey, et ses traces, sont l'oeuvre de plaisantins. Cette hypothèse, je l'avoue, ne me satisfait guère.
"Enfin, il faut envisager l'hypothèse d'une apparition d'engin extraterrestre."
A la Météo de Dijon, les techniciens n'ont rien vu que de très normal dans le ciel durant les nuits de samedi et lundi.
A la Faculté des sciences de Dijon, on a soumis au Jaeger [sic, Geiger] une motte d'herbe prélevée dans le pré de Poncey-sur-l'Ignon où s'est posée la cloche-soucoupe. Aucune trace de radioactivité. Aucune trace de métaux non plus dans une autre motte confiée à l'Institut de géophysique.
Le dernier mot pouvait rester aux aviateurs. Le général de Chassey, qui commande la base de Dijon, nous a reçu.
"Je n'ai jamais vu de soucoupe volante, nous dit-il. Mais je sais, pour avoir tenté l'expérience, qu'il est possible de faire croire à des hommes très entraînés à la présence de choses célestes mystérieuses. Un jour, revenant de Paris en avion, j'avais aperçu au-dessous de mon appareil un phénomène optique très curieux, dû a la réfraction d'un étang sur un nuage de brume. Ce mirage ressemblait tellement à une soucoupe tournant dans l'atmosphère à 400 mètres de hauteur que j'avertis mon mécanicien qui, lui, n'avait encore rien vu: "Regardez, légèrement au-dessous de nous..." Il resta un moment médusé, mais, l'avion passant à la verticale, il se rendit compte qu'il avait été le jouet d'une illusion...
"Revenons aux faits. S'agit-il d'engins extraterrestres? S'ils sont pilotés par des êtres issus d'un autre monde, ces individus sont bien peu curieux de savoir ce qui se passe chez nous: chaque fois que nous arrivons, ils s'en vont. Leur voyage, alors, ne se comprend plus!
"Des appareils nouveaux?... J'affirme que si des ingénieurs avaient réussi à les mettre au point, cela se saurait dans certaines sphères tout au moins.
"En ce qui concerne les objets étranges signalés ces jours-ci, je ne veux porter aucun jugement définitif.
"Je crois qu'il y a en Côte-d'Or aujourd'hui une psychose des soucoupes, comme en 39-40 il y avait, en France, une psychose des fusées.
"Certes, il y a des faits assez troublants, notamment le cas de trois aviateurs de la 5e brigade, à Orange, qui ont vu tous trois une soucoupe, l'ont prise en chasse jusqu'au moment où elle a disparu derrière la montagne.
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Près de Mulhouse, un employé de la S.N.C.F., M. René Ott, qui se rendait à son travail, au petit matin, affirme avoir aperçu dans un champ une coupole hémisphérique éclairée à l'intérieur. Elle se trouvait à trois mètres de la route et à un mètre du sol, M. Ott, en s'éloignant - il n'était qu'à demi-rassuré - eut le temps de voir une porte s'ouvrir dans la "cloche" qui le suivit pendant huit cents mètres.
Les gendarmes n'ont pas retrouve de traces dans le champ. Ils en ont découvert, par contre, près de Reims où un mécanicien, M. Joseph Roi, a vu un "cigare" ou un obus volant. Il rentrait chez lui dans la nuit de mercredi à jeudi lorsqu'il vit devant lui une vive lueur; il crut qu'il s'agissait de phares d'auto. Soudain, la lueur s'éteignit et au point où il l'avait aperçue M. Roi distingua au bord de la route un objet bizarre de plus de 3 mètres de long ayant la forme d'un gros obus percé de hublots; à l'avant se tenait une vague silhouette qu'il ne put définir. Les traces relevées par les gendarmes vont être examinées.
On a vu des globes lumineux hier à Bournel (Lot-et-Garonne), à Montpezat-d'Agenais, à Cherbourg, à Orthez. Un boulanger de Marcillac-de-Blaye a vu un entonnoir renversé qui volait à 70 mètres.