L'article ci-dessous est paru dans le quotidien La Liberté, édition de Valenciennes, Nord, France, page 4, le 19 octobre 1954.
La semaine dernière le Club des Radiesthésistes s'est rendu à Quarouble, sous la conduite de son président pour faire une enquête sur cette fameuse soucoupe volante qui est venu se poser sur la voie de chemin de fer. L'éminent président et ses collaborateurs voulaient arriver à déceler la nationalité des deux monstres à deux pattes, que le Quaroubain, baptisé dans la ville sous le surnom de "Cacoule et Parisien", avait vu de ses propres yeux vu.
Aussitôt que ces messieurs arrivèrent sur les lieux, la nouvelle se répandit, comme une traînée de poudres, et quelques centaines de curieux entouraient les savants valenciennois.
"Viens vite, criait un brave cultivateur, à un de ses camarades, pour mi ché aune délégation d' l'Académie Française, t'as vu au cinéma in parlo dé s'n' affaire chi?"
Le gardien de Quarouble fit écarter la foule de plus en plus dense et le président du club, qui avait fait "quérir" le "voyant", le pria gentiment de raconter, devant ses collègues, ce qu'il avait vu la nuit!
Le voyant. - Eh bé, v'là chque' j'ai vu. D'abord ech' dormo. Tout d'un co j'intins in bruit comme inco ed' tonnerre. Ech' met en' maronne et mé v'là dehors. Quesse qué j'vos? Aine grosse affaire ronde ed six mètres ed long sur 4 ed large. Deux p'tits hommes comme 2 infants, j'ai montré au cinéma comma y étotes.
Le président. - Vous étiez bien éveillé mon ami?
Le voyant. - Acoute estichi... Non mais, si vous m'perdez pou un seu, y faut l' dire, sans cha...
Le président. - ne vous fâchez pas, mon ami. Nous sommes ici pour faire toute la lumière est renseigné nos concitoyens, continuons.
Le voyant. - Les 2 nains y allument un gros chigare "Donne min zin in!" qué l'eu cri. Pas d'réponse. "Eté que pays q'té?" Pas cor ed réponse. "Ah bin vo...!" qué j'leu dit...
"Mange là" qui répond un des deux.
"J'éto paralysé. Tout d'un co, y sautentdin l'eu nassiette volante et pouf! les v'za parti. J'in su resté tout d'aine.
Le président. - Sont-ils partis à l'Est ou à l'Ouest?
Le voyant. - Par là (il indique l'Est).
Le président. - Messieurs, munis de ces renseignements précieux, mettons-nous au travail.
* * *
Tous les radiesthésistes agitent leurs pendules. Un quart d'heure se passe.
* * *
Le président. - Messieurs, mes conclusions sont les suivantes: c'est un engin qui vient de l'Est et qui est reparti à l'Est.
Les autres radiesthésistes. - Nos conclusions sont identiques aux vôtres.
Le président au "voyant". - Pourriez-vous nous dire la taille approximative des deux aviateurs?
Le voyant. - J'ai fait vira au cinéma. Vous véyez, i n'étot pas pu grand qu' cha. Un mète à un mètre trente.
Le président. - Messieurs! Anneau pendule pour connaître la nationalité.
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Un quart d'heure passe.
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Le président. - Pour moi c'était deux mongols ou deux tartares.
Les autres. - Pour nous aussi, aucun doute.
Un assistant. - Acouzez, Messieurs, mi cha margade pas! In dit toudis quà les aviétant n'ont rin à dire. Mais pinsez-vous que deux Mongols ou deux Tartares vérotent chi à Quaroube su l'voat ed' quémin d'fière?
Le président. - Peu nous importe, ce sont des Russes!
Un autre assistant. - Acouté bin... Cacoule et Parisien y dit qu'il qu'il a dit "ra" et qué les 2 aviateurs y ont répondu : "Mange-là". Vous pinsé bé que les Mongols ou bin les Tartares n'connotent pas ch' français-là!
Un troisième assitant. - Pour vai, M. Bauduin, ine n'ia rien eu. Cacoule, et Parisien, y tot au cinéma. Et pas biète din tout cha, chet tous ces gins qui sont v'nus ed Paris et d'ailleurs pou faire eune enquête! Arvouzin tertoute à vos maison et laissez-nous rire plein not' pamche...
A. L.