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Les OVNIS dans la presse quotidienne:

Explications dans la presse, France, 1954:

L'article ci-dessous est paru dans le quotidien L'Est Républicain, France, page 1, le 8 octobre 1954.

Soucoupes, cigares et boules de feu

Les météorologistes lancent chaque jour dans le ciel de France, 160 ballons qui peuvent créer des confusions

Les météorologistes qui nous ont déjà expliqué quatre apparitions de "soucoupes" sur cinq portent aussi une lourde responsabilité dans l'affaire des "soucoupes": ils créent de toutes pièces des phénomènes avec leurs ballons sondes et leurs projecteurs néphoscopiques.

Pour étudier les caractéristiques de l'atmosphère et en déduire "le temps qu'il fera demain" ou l'état du ciel que traversa l'avion en instance de départ, ils utilisent en effet de nombreux ballons en baudruche. Le poste de radio emporté par ces engins transmet automatiquement les valeurs de la température et de l'hygrométrie en fonction de la pression c'est-à-dire de l'altitude. La vitesse et la direction des vents, par contre, ne peuvent être détruites que par la trajectoire du ballon. Il faut que la baudruche soit visible par temps clair ou repérable au radar par temps bouché. Et cette caractéristique est à la base de bien des "témoignages". Deux exemples suffiront. Il y a quelques mois des réservistes britanniques à l'entraînement suivirent la tache d'un ballon sur leur écran de radar et donnèrent l'alerte. Le 22 septembre dernier, un cultivateur de Carpiquet, près de Caen, aurait commis la méprise si un initié ne l'avait rassuré.

Jeux de lumières entre chien et loup

Il faut bien rappeler à ce sujet que les stations météorologiques lâchent chaque jour, en France, une douzaine de ballons de gros volume (deux mètres de diamètre au départ et huit mètres en altitude) et plus de 150 ballons plus modestes. Aucune erreur n'est évidemment possible à base altitude. Mais à grande hauteur, avec les reflets du soleil couchant ou de l'aurore, lorsque la surface de la terre est déjà ou encore dans l'ombre, les ballons prennent un tout autre aspect. Qu'un nuage fasse écran ou que la baudruche parvenue au maximum de son altitude éclate pour redescendre et la disparition devient surnaturelle.

Nous avons recensé en France, dix-neuf cas d'engins observés entre chien et loup, immobiles dans le ciel et qui disparurent mystérieusement sans bruit et sans fumée, "comme dissous dans l'air". Les météorologistes n'ont d'ailleurs pas besoin de la complicité du soleil pour nous donner des illusions, plusieurs de leurs activités peuvent prêter à confusion au coeur de l'obscurité. Ils lancent, notamment, pendant la nuit, d'autres ballons munis d'une lumière pour mesurer la hauteur du plafond nuageux. L'engin s'élevant en moyenne de 100 mètres par minute, il suffit de noter le temps écoulé entre le lâcher et la disparition de la lueur pour trouver cette altitude. Le professionnel ne voit pas de mal à cela. Le profane par contre qui regarde cette lumière monter verticalement et se dissoudre soudain en entrant dans les nuages peut s'interroger.

Projecteurs et avions stratosphériques

M. Clausse, chef de l'Information à la Météorologie Nationale a révélé, au cours d'une conférence technique donnée à l'Aéro-Club de France que trois autres types de taches lumineuses pouvaient se promener dans le ciel.

"- Les premières sont produites par le faisceau d'un projecteur dirigé verticalement sur les nuages. Elles sont observées d'une station voisine dont l'éloignement est connu et la mesure de l'angle entre l'horizontale et la direction de la tache suffit à déterminer la hauteur du plafond nuageux.

- Les secondes sont des éclairs lumineux très puissants dont la réflexion impressionne une cellule photoélectrique". Ce sont en quelque sorte les émissions d'un radar à ondes visuelles: "Les dernières enfin combinent le procédé du projecteur et de la cellule en faisant appel aux pulsations d'un courant alternatif et les manifestations (violacées) de cet appareil baptisé ceilomètre restent visibles pendant toute la nuit. A moins, bien entendu, que les nuages ne disparaissent avant".

Car les nuages jouent encore, ici, un rôle important. Si un prospecteur est braqué sur le ciel, une tache lumineuse est visible sur la base de la formation la plus base, mais celle-ci étant poussée par le vent, la tache peut passer sur un trou et aller se projeter sur une formation plus élevée. Pour quiconque est éloigné de sa verticale, elle a fait un bond.

Signalons encore les météorites du genre grosse étoile filante et surtout les avions volant à très haute altitude. Réduits à des points à peine visibles et trop éloignés pour être audibles, ceux-ci peuvent briller, soudain, au soleil couchant, et disparaître aussi vite. A Sceaux, le 26 juin 1952, des dizaines de personnes qui prenaient le frais vers 21h, sur le pas de leur porte, virent d'étranges points lumineux traverser le ciel, en silence, et l'alerte fut donnée. On devait apprendre, le lendemain que ces appareils, tout à fait classiques, se livraient à un exercice à la limite de la stratosphère.

Des "soucoupes" qui sont des manifestations de la foudre en altitude

Les physiciens apportent aussi leur collaboration "anti-soucoupiste" en précisant quelques phénomènes absolument naturels. Le Dr. Haffner, notamment, professeur d'astronomie à l'Université de Hambourg et chef de section à l'observatoire de Hambourg-Bergedorf, estime que les manifestations de la foudre en altitude peuvent être prises pour des "soucoupes". "On a observé, dit-il, à dix kilomètres d'altitude des boules de feu ayant jusqu'à 260 mètres de diamètre et qui en raison de leur rotation, sont souvent aplaties ; or les objets en forme de disques ou de cigares donnent souvent l'impression de tourner sur eux-mêmes. La taille, la forme, la vitesse, la couleur, la luminosité, la durée et le mode dissolution de ces boules de feu sont remarquables similaires aux descriptions des "soucoupes volantes". Elles peuvent changer de forme et de direction en moins d'une seconde tout comme les "soucoupes". Enfin elles se désintègrent toujours brusquement, parfois silencieusement, parfois avec une forte détonation".

Toutes ces explications ont permis aux techniciens américains de réduire à néant 86% des apparitions signalées. Rappelons également que jamais un de ces phénomènes n'a pu être observé en détails, seuls quelques rêveurs ou quelques escrocs s'étant laissés aller à donner des précisions rapidement inadmissibles à force de contradictions. Les rares photos réunies par les commissions américaines spécialisées représentent des phénomènes naturels où les ombres portées divergentes dénoncent le truquage.

Pour constituer un dossier sérieux

Il reste néanmoins des cas inexpliqués et troublants. Il est certain que le 8 juin 1952 un "cigare" a évolué, près de Dijon, produisant une fumée blanche et émettant un grondement. Et que le 27 octobre de la même année, un douanier de Marignane a vu un engin inconnu, arriver sur la piste. Il est certain aussi qu'un engin en forme de demi-cigare a évolué le 17 septembre dernier au-dessus de Rome, attirant l'attention de milliers de personnes. mais il est également vrai que des observations souvent incomplètes favorisent le mystère.

Un député vient de s'inquiéter de la psychose qui se développe en France et de demander au secrétaire des Forces Armées (Air) "si des instructions ont été données pour que ces phénomènes soient systématiquement et scientifiquement observés" et "si ces soucoupes ou cigares ne pourraient pas être pris en chasse pour être mieux observés afin que le public soit exactement informé". Les techniciens de l'aéronautique eux-mêmes estiment qu'un dossier "soucoupes" sérieux est indispensable mais qu'il faudrait, pour le constituer, des indications valables:

- Les témoins ont tort d'évaluer l'altitude et la vitesse de ce qu'ils voient. Ils n'ont aucun moyen pour cela et la preuve est faite que dans les accidents d'avions les témoignages des profanes concordent rarement avec la réalité. Les aviateurs eux-mêmes ne se permettent d'apprécier une altitude que s'ils connaissent parfaitement l'appareil. Tous les témoins, par contre, peuvent préciser la forme de l'objet (en se souvenant qu'en raison de la diffusion atmosphérique tout parait plus ou moins rond). Ils peuvent ensuite repérer l'origine de la lumière, vérifier si l'engin a une ombre propre (un phénomène atmosphérique n'en a pas) et préciser la forme de sa trajectoire (rectiligne, courbe ou variée). Ils devraient, enfin noter l'heure, la position par rapport à des repères et la taille par rapport à un objet connu tenu à bout de bras par exemple.

Il est assurément nécessaire de tenter de résoudre les dernières énigmes et de le faire scientifiquement. Peut-être saurons-nous, alors si les "soucoupes" existent et, si leur existence est prouvée, d'où elles viennent. Bien que les savants ne nous laissent guère plus d'illusions sur leur origine terrestre que sur leur venue d'un autre monde.

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Cette page a été mise à jour le 20 novembre 2016.