L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Le Républicain, Sablé, Sarthe, France, le 24 novembre 1954.
Un nouvel élément vient s'ajouter au dossier déjà volumineux des soucoupes volantes et autres engins plus ou moins interstellaires. Le témoignage recueilli prend d'autant plus de valeur qu'il comporte de nombreux points précis et qu'il émane d'un homme aguerri aux dangers et de jugement parfaitement équilibré.
M. André Chaillou est forgeron au bourg de La Tessoualle et habite à Loublande (Deux-Sèvres), C'est un ancien combattant de 39-45 et d'Indochine. Chaque matin, il vient travailler à l'atelier où il retrouve son père et son frère. Il cesse le travail vers 19 heures. Pour l'aller et retour quotidien, il utilise un cyclomoteur.
Ajoutons que les faits se sont passés le lundi 8 novembre. C'est pour éviter les commentaires incrédules et les inévitables "mises en boîte" que M. Chaillou a conservé dès le début une compréhensible discrétion.
Les constatations qu'il a pu faire lui ont semblé tellement indiscutables qu'il a fini par en faire part à quelques amis. La nouvelle a fait tache d'huile et elle est venue jusqu'à nous.
M. André Chaillou a fait le récit suivant:
"Il pouvait être 19 h. 30. Ayant une réunion le soir avec des amis et me trouvant un peu en retard, je roulais à bonne allure.
"Le ciel était clair et la lune presque en son plein.
"A 1 kilomètre environ du bourg de Loublande, aux abords de la route du Puy-Saint-Bonnet, j'ai remarqué devant moi une petite lumière bleue.
Le phare du cyclomoteur est puissant et l'espace d'une seconde, j'ai pensé qu'il s'agissait d'un animal traversant la route et dont les yeux brillaient dans le faisceau de ma lumière.
"Je ne me suis pas perdu longtemps en suppositions, car en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, ma machine s'est arrêtée net et j'ai été projeté en avant sur le guidon, ayant eu grand peine à éviter une chute dangereuse.
"Ma première pensée a été la panne. Quand j'ai levé les yeux, à une cinquantaine de mètres devant moi et à une hauteur du sol de 1 m. 50 environ, le point bleu avait pris le diamètre d'un phare d'auto et projetait en ma direction une lueur aveuglante comparable à celle d'un arc électrique.
"Je me suis trouvé alors dans l'impossibilité de faire un mouvement, ni de prononcer une parole. Mes mains rivées au guidon, ressentaient un picotement douloureux, malgré les gants qui me protégeaient.
"Cela a-t-il duré une minute ou une seconde? Je ne puis le préciser.
"La lumière s'est éteinte brusquement et j'ai retrouvé l'usage du mouvement et de la parole. A l'instant même."
M. Chaillou devait ajouter "J'ai été parfois tant que le front en Indochine, dans des situations dangereuses et je n'ai pas tremblé, mais cette fois, je le dis sans honte, j'ai eu peur!"
A 200 mètres l'aventure continue
L'aventure du jeune forgeron ne se termine pas là.
Ayant remis son cyclomoteur en route sans l'ombre d'une difficulté, il continue sa route et prend rapidement une bonne allure. Comme on peut l'imaginer, il y une certaine hâte de se retrouver chez lui.
Il fait environ 200 mètres et, dans un champ sur la droite, à 150 mètres peut-être du bord de la route, il voit une grosse lueur.
Un brûlot, pense-t-il, mais immédiatement, il associe la lueur à ce qui vient de se passer.
Notre homme n'est pas un poltron. Le temps d'arrêter le vélomoteur, de le garer sur le bord de la route, et il part à travers champs.
Il distingue au ras du sol une forme allongée et luminescente qui peut mesurer 5 à 6 mètres de long.
Une haie s'interpose entre lui et l'engin, il a encore une centaine de mètres à faire, quand à une vitesse vertigineuse et avec un léger sifflement, la forme oblongue s'élève à la verticale, puis, empruntant une trajectoire horizontale, disparaît en une quinzaine de secondes.
Aujourd'hui encore, M. Chaillou se pose des questions qui, un jour peut-être, trouveront des réponses. Le témoignage qu'il apporte, s'il ne fait que donner plus d'acuité au problème, est précis et d'une bonne foi certaine. Le recul du temps ne fait que lui donner une valeur accrue. Nous ne pouvons que regretter avec notre aimable interlocuteur de ne pas pouvoir donner à ces faits une conclusion... palpable.