L'article ci-dessous est paru dans le quotidien régional Le Courrier Picard, France, page 4, le 18 octobre 1954.
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Samedi soir, un gamin effaré me hélait au passage: "Monsieur, il y a une soucoupe volante, rue de l'Arquebuse".
J'avoue que je suis réfractaire à cette psychose qui, après avoir éclos aux Etats-Unis, atteint maintenant notre vieux continent et fait découvrir, à plusieurs de nos semblables, dans le ciel picard même, des engins fabuleux, capables de rendre jaloux nos chercheurs préoccupés d'astronautiques - certes éminents - et dont les anticipations ne manquent pas déjà d'extravagance.
Mais j'ai voulu voir, de mes yeux voir. J'ai découvert une splendide lune rouge, vaguement intimidante qui roulait sur les confins terrestres et qu'une nébulosité marquait d'un grand accent aigu tout noir.
Alors, j'ai sillonné la ville et ses alentours. La sucrerie d'Eppeville dessinait, dans la nuit, des centaines, peut-être des milliers de rectangles lumineux. Un feu d'herbes sèches du côté de Sébastopol, dessinait ses flammettes mourantes et "Cuivres et Alliages", derrière son enceinte sévère, paraissait d'un calme étrange.
Il n'y avait donc de soucoupes que dans mon buffet de cuisine et ceux de mes concitoyens.
Même la malencontreuse et longue panne d'électricité qui plongea subitement dans les ténèbres la rue du Général-Foy et une partie de l'avenue de Noyon, ne fut pas due à la présence facétieuse d'un Martien au faciès velu sur le transformateur du vieux château-fort.