L'article ci-dessous est paru dans le journal Le Courier de la Région de Fourmies, Fourmies, France, page 5, le 13 novembre 1954.
Voir le dossier du cas.
Mercredi dernier vers 23 h. 45, M. Maurice, notre sympathique et vigilant gardien des édifices communaux rentrait satisfaits chez lui, après avoir effectué sa tournée habituelle. Il avait en effet, pu constater que contrairement à certains bruits, les urinoirs installés sur la place n'avaient pas été volés. Ce qui ne l'empêchait pas, tout en tirant sur sa bouffarde, de ronchonner contre les mal-avisés qui auraient pu se rendre coupable d'un tel délit. Il en était là de ses réflexions lorsque son attention fut brusquement attirés par une intense lueur qui tout à coup éclaira violemment toute la place. Se retournant vivement il constata qu'un énorme engin lumineux venait de se poser en plein centre. Conscient de ses responsabilités, il alerta immédiatement les autorités, tandis que dans le voisinage toutes les fenêtres des maisons environnantes s'éclairait et s'ouvraient laissant apercevoir des personnes en tenue de nuit déjà fortement apeurées par cet événement. Mais cette nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre à laquelle on aurait mis le feu. Quelques minutes après c'était une véritable marée humaine qui déferlait vers la Place. A ce moment quelques audacieux arrivés les premiers voulurent s'approcher de l'engin et lorsqu'ils furent à hauteur des pilotis ceinturant la place ils virent à leur grande stupéfaction une énorme couronne envelopper complètement l'engin, d'après certains connaisseurs en astronomie l'ensemble ressemblait étrangement à la planète Saturne. Cette bouleversante apparition dont la couleur variait à chaque instant, comportait tous les tons de l'arc-en-ciel, mais, lorsque sa couleur tourna au violet foncé il se dégagea des éclairs fulgurants qui quand l'éclatant stoppèrent définitivement les curieux qui déjà paralysés par la peur restèrent figés sur place. Ce bolide infernal surgi à l'improviste pouvait mesurer 8 mètres de diamètre et affecter une forme bombée pouvant atteindre 3 m. 50 dans sa plus grande hauteur, sur la partie supérieure on pouvait voir des inscriptions cabalistiques qu'il fut impossible de déchiffrer.
La couronne entourant l'engin à hauteur du centre dégageait une insupportable odeur de soufre forçant les spectateurs à s'écarter cependant que toutes les dames présentes se signaient comme si cela pouvait être le diable en personne, ce qui ne les empêcha pas de rester sur place, la peur n'ayant pu paralyser leur habituelle curiosité.
A l'intérieur de l'engin, on ne apercevait une forme pouvant être prise pour un homme ou un robot, lequel assis devant une espèce de table fixée à la paroi inférieure paraissait compulser certains papiers ayant la forme supposée de carnets à souche.
Au court d'un laps de temps l'inconnu se leva et se dirigea vers une portière qui en s'ouvrant dégagea de fortes étincelles. Puis il descendit sur la terre. Cette alors qu'ils se produisit est un fait beaucoup plus étrange encore, un claquement sec se fit entendre, l'appareil et l'homme étaient subitement disparu, il n'en subsistait aucune trace, tout s'était volatilisé, et le noir le plus absolu régnait maintenant à l'endroit où il s'était posé. Ces faits sont certainement très difficiles à expliquer et nous ne saurons les comprendre que si certaines circonstances ne veulent bien nous le permettre. Or, ces circonstances se produisirent au moment même où les habitants commentant l'événement à leur façon, se disposaient à regagner leurs pénates respectives, lorsque tout à coup le kiosque s'éclaira subitement d'une lumière blanche si intense qu'elle obligea les assistants à fermer les yeux, peu à peu, l'intensité de cette lumière diminua et l'on put alors apercevoir un homme, un vrai, celui-là, debout au milieu du kiosque. S'adressant à la foule il parla dans un très bon français, bien de chez nous, il fit comprendre à toutes les personnes présentes qu'elle devait s'approcher pour s'entendre révéler l'étrangeté des faits auxquels il venaient d'assister, bien entendu les dames d'un naturel toujours porté à s'instruire furent les premières, les Messieurs, plus réservé vinrent ensuite, quelques-uns seulement parvinrent à percer le cordon féminin et s'approchèrent. Mais l'homme du kiosque portait toujours sur la tête un casque l'enveloppant jusqu'aux épaules, on pouvait néanmoins apercevoir la phosphorescence de son regard par deux trous pratiqués à hauteur convenable. Après avoir parlé pendant quelques instants et rassurer cette foule avide de savoir il retira son casque et le posa près de lui, il était alors possible de le voir parfaitement bien.
Parmi les hommes ayant réussi à s'infiltrer on reconnaissait l'Grand Totor d'True Gogand, l'tutur d'l'Fontaine Florent rejoint aussitôt par Tatave des Zé Villeu ainsi que par Gros Charlot d'l'rue de Fourmies qui avo apporté s'grosse caisse.
Mais tout d'un l'Grand Totor ses lumerettes démesurément écarquillés s'écria, mais j'l'connos! Je lJ'l'roconno c'est l'mendiant, mit aussi, fit le Tutur, j'l'roconno! c'est bien il, Tin rwaitte, il a s'carnet a s'main.
Eh bin si! là tu sais y m'l'coupe j'creu qu'je va predre l'béqutance, j'ai d'jà l'tracassin. Et bien oui c'était bien le mendiant.
Le mendiant qui avait utilisé ce moyen ultra moderne pour assembler la sympathique et généreuse population de notre commune afin de pouvoir les remercier tous ensemble. Il s'excuse près de vous de vous avoir si fortement intrigués et comme conclusion il vous souhaite à tous tout le bonheur que vous méritez. En attendant que d'autres vous fasse connaître le résultat final de ces démarches, le mendiant et la Musique vous expriment toute la reconnaissance et vous disent: A l'année prochaine.