L'article ci-dessous est paru dans le quotidien La Voix du Nord, édition locale d'Avesnes, France, page 5, le 31 octobre 1954.
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Nous avons réservé, pour le dimanche de nos lecteurs, cette histoire du Martien de Louvroil. Et elle amusera beaucoup ceux "qui n'y croient pas", elle rassurera les autres.
Un soir récent, "quelque chose" entra dans le café de la commune où trône, imperturbablement réjoui, un imposant conseiller municipal. Cette apparition, de taille petite, causa un temps de surprise chez les consommateurs que la tenancière pourtant rasséréna bientôt avec un: "Tiens! Voilà un Martien!"
Chacun, depuis quelques semaines, ayant du Martien une image toute personnelle, aucun client n'infirma ces péremptoires déclarations. Le visiteur avait d'ailleurs les caractéristiques supposées d'un être surnaturel et supraterrestre, avec sa cape serrante, ses grosses lunettes, ses pieds long d'une demie-lieue, sans oublier un ventre d'une proéminence inaccoutumée. Son langage était inconnu. A peine pouvait-on dire s'il tenait de l'onomatopée ou du soupir profond qui trahit les coeurs meurtriers.
Tout revint pourtant à des proportions nettement humaines lorsqu'on demanda au Martien s'il "buvait un coup". La phrase-clé du vocabulaire français fut très bien comprise de cet être jusque-là indéterminé, qui trinqua généreusement au comptoir. On avait maintenant reconnu Dupont, ce farceur de Dupont, qui avait l'air de bien s'amuser en amusant la galerie après l'avoir un tantinet inquiété.
La suite fut moins gaie pour le "planétaire" qui voulut un peu plus tard engager la conversation avec un promeneur. C'était un Nord-Africain que toutes ces histoires de soucoupes, cigares et autres melons volants n'avaient pas effrayé. La réaction fut immédiate et imprévue: Dupont le Martien encaissa au coin de ses lunettes un uppercut qui lui fit voir toutes les étoiles du ciel.
Et voilà ou mène une simple idée d'amuser ses concitoyens. Il s'en trouvent toujours qui n'aiment pas la plaisanterie et qui le font sentir.
J.B.