L'article ci-dessous est paru dans le quotidien L'Alsace, Colmar, France, le 3 mai 1950.
De plusieurs côtés on nous a fait part hier d'un curieux phénomène céleste qui fut aperçu lundi après-midi à 14h50 exactement au-dessus des Vosges, en direction de l'Ouest.
Deux mulhousiens, qui se trouvaient au Markstein à l'heure dite, virent l'apparition alors que, se tenant au pied du dernier mamelon, ils regardaient en direction de la station d'arrivée du remonte-pente, donc vers l'Ouest. Pendant plusieurs secondes ils aperçurent un corps oblong, brillant comme de l'argent et absolument silencieux qui semblait descendre du ciel à une vitesse vertigineuse. L'objet laissait dans son sillage un jet de flammes comparable, semblait-il, au dégagement de feu de certains pots d'échappement. Ils virent l'étrange engin se résorber littéralement dans l'atmosphère.
On a trop parlé de soucoupes volantes dans tous les pays du monde pour que le rapprochement ne s'imposât pas dans l'esprit des témoins. Et l'hypothèse qu'il devait s'agir d'un engin mécanique était encore renforcée dans leur esprit par l'éclat métallique du bolide.
A la même heure une jeune fille employée à "L'Alsace", qui roulait à bicyclette en direction de Thann, fut-elle aussi témoin du phénomène. "Objet oblong, nous le décrit-elle, très brillant, et qui se volatilisa dans l'espace".
Une quatrième personne enfin, qui passait sa journée au lac Bleu vit, elle aussi, l'apparition. A son avis, il s'agissait d'un météorite d'une exceptionnelle luminosité. "Nul doute que si l'apparition s'était produite de nuit, a-t-elle ajoutée à son récit, elle eût illuminé le ciel tout entier".
Ce témoin aussi a été frappé par la traînée lumineuse, véritable jet de flammes, que le bolide laissait derrière lui.
Engin mécanique? Il semble bien qu'il faille s'en tenir à l'hypothèse du météorite, du corps céleste échauffé jusqu'à l'incandescence au contact de notre atmosphère et qui, s'il ne s'est pas désintégré dans sa chute, ce qui est plus que probable, a dû aller choir quelque part de l'autre côté des Vosges, à une distance que rien ne permet évidemment d'estimer avec quelque certitude.
N'oublions pas que nous sommes à une saison où les chutes de corps célestes sont plus fréquentes.