L'article ci-dessous est paru dans le quotidien L'Alsace, Mulhouse, France, page 5, le 23 octobre 1954.
Voir le dossier de ce cas ici.
Le chemin court à travers les terres fraîchement labourées. Un chemin boueux par endroits, creusé par les lourds charrois qui, au soir, ramènent des terres du proche Sundgau leur charge de betteraves vers les fermes qui entourent Dornach.
Ce chemin, nous le suivons depuis près d'une demi-heure. L'air est froid, le paysage désolé à cette heure crépusculaire qui efface au loin le bleuissement des Vosges et traîne ses brumes laiteuses au flanc d'un mamelon que nous gravissons à présent.
Au haut de la colline on découvre un vaste horizon et l'on situe exactement les lieux: à gauche le clocher de Didenheim, à quelques kilomètres, émerge d'un creux; droit devant nous, un vallon s'ouvre en direction Hochstatt ; à droite enfin, c'est à dire approximativement vers l'Ouest, s'étend le ban de la commune de Morschwiller-le-Bas. Le bois que l'on distingue, à une courte distance est appelé forêt de Didenheim quoique le village soit assez éloigné.
C'est à l'endroit où nous nous trouvons qu'un mystérieux engin a évolué à faible hauteur, au début de la nuit de jeudi à vendredi.
Nous voudrions persuader le lecteur que les témoignages que nous avons recueilli sont absolument dignes de foi et que nous avons mené l'enquête avec tout le sérieux et l'objectivité que "on est en droit d'attendre en pareille occurrence.
Ces témoignages les voici:
Une boule rouge et lumineuse
La famille Hiroltzer possède une ferme, rue des Trois-Epis à Dornach, aux abords immédiats de la route de Belfort, en face du calvaire qui marque les limites de la commune de Mulhouse et de celle de Morschwiller-le-Bas. Actuellement, elle est occupée à l'arrachage des betteraves dans les champs qu'elle possède entre Morschwiller et Didenheim, à gauche de la route de Belfort. Jeudi soir peu après 18h30, c'est à dire à une heure où la nuit est tombée, des membres de la famille Hiroltzer juchés sur une voiture tirée par un tracteur revenaient suivant un chemin de terre, des champs, pour se diriger vers la ferme. A l'arrière de la voiture chargée de betteraves un adolescent de 14 ans avait pris place. Soudain, il poussa une exclamation. On l'interrogea. Il prétendit avoir vu une boule rouge traverser le ciel. Le réflexe de ceux qui l'accompagnaient fut de se moquer de lui. Il était 18h40. Le jeune homme, une fois rentré à la ferme, conta ce qu'il avait vu au fils du fermier; M. Hiroltzer, jeune paysan à qui l'on en conte pas, car il a les deux pieds bien sur terre et le bon sens ne lui fait pas défaut. C'est du moins l'impression que nous avons eue en l'interrogeant hier soir dans le champ qu'il retournait aux commandes de son tracteur. Henri Hiroltzer fut frappé par l'accent de sincérité de l'adolescent et il décida de retourner avec ce dernier sur les lieux en bicyclettes.
Ils y furent bientôt; Henri Hiroltzer mit pied à terre et attendit, un peu sceptique. Et soudain, l'incroyable se produisit. Un globe apparut dans le ciel, exactement à l'endroit que nous avons décrit plus haut. Malgré la distance relativement grande qui séparait les hommes de l'engin, celui-ci parût mesurer quelque 50 cm de diamètre, ce qui laisse supposer que les dimensions réelles de l'engin étaient considérables. L'engin évolua lentement au dessus du bois de Didenheim. Sa couleur était rouge vif comme la forte lueur qui en émanait. Soudain une violente clarté fit reculer la nuit, un éclair environna le globe qui disparût. Il était 19h30.
Henri Hiroltzer et son compagnon prirent le chemin du retour. Mais arrivé à la ferme, le jeune fermier décida de ne pas s'en tenir là. Il alla chercher un de ses amis, M. Jean-Paul Reck, qui travaille dans une boucherie Mulhousienne. Tous deux, montés sur une moto, retournèrent alors dans les champs. Ouvrons ici une parenthèse pour préciser que nous avons également recueilli le témoignage de M. R., et que celui-ci est en tous points identique aux descriptions de M. Hiroltzer. Car une troisième apparition eut lieu. Les deux hommes en quittant Dornach pensaient bien que cette fois-ci rien ne se produirait. Ce en quoi ils se trompaient...
La nuit était totale, faiblement trouée seulement par endroits par les fermes disséminées à travers la campagne. Une fois arrivés, toujours au même endroit, Henri Hiroltzer laissa allumé le phare de sa moto, pour, dit-il, attirer l'engin. Et c'est bien ce qui se produisit. Tout à coup le globe réapparût au-dessus du bois de Didenheim. Il avançait lentement, à faible altitude, en direction des hommes. La couleur; du rouge passa au vert. Un éclair balafra la nuit. Le globe devint violet, puis rouge à nouveau. A ce moment-là, Henri Hiroltzer éteignit son phare, saisi de frayeur. Peu après l'engin disparut et les deux hommes, convaincus cette fois et quelque peu angoissés, s'en retournèrent vers les lumières rassurantes des demeures humaines.