L'article ci-dessous est paru dans le quotidien La Croix du Nord, édition locale d'Arras et Béthune, Pas-de-Calais, France, page 2, 6 octobre 1954.
Enfin, j'ai vu... J'ai vu un homme qui a observé une soucoupe. Pas une histoire avec trente-six intermédiaires, des cancans de coron ou une fâble bâtie sur des ragots d'ateliers nan. Du solide, un observateur conscient, une déclaration sensée autant que troublante.
Que dit le rapport? Dimanche vers 21 h. 00, notre homme se promenait sur la câle 73, en compagnie de son épouse. Près du chevalet de la fosse XV, soit en direction du plateau de Lorette, il a aperçu l'objet. Une sorte de bassins dominés par une manière de coupole, le tout paraissant de dimensions respectables, vu la distance approximative et rougeoyant comme une forge. Où l'affaire se corse, c'est qu'au bout d'un certain temps, inévaluable, se détacha de cette soucoupe - puisqu'il faut l'appeler par son nom - comme une "saucisse" et les deux engins demeurèrent immobiles. Ce stationnement se prolongea si longtemps que l'observateur et son épouse résolurent de regagner leurs habitations comme si de rien n'était.
Je suis maintenant bien avancé d'avoir vu un homme qui a vu une soucoupe, puis las de regarder s'en est allé coucher. Il ne me demanda pas de le croire et raconta le phénomène sans trop insister, avec l'air de s'excuser d'avoir été témoin solitaire. (De l'autre côté du plateau, d'autres ont vu aussi.)
Enfin, il m'a promis de me prévenir la prochaine fois. Que ce soit un disque, un stromboèdre, un lit-cage ou même un tapis, peu importe, je veux voir, voir vous dis-je.