L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Franc-Tireur, Paris, France, page 3, le 25 août 1954.
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La lune aurait-elle "fait des petits"? Telle est la question que l'on pourrait se poser depuis qu'un magazine américain a affirmé que deux météores lui tiendraient désormais compagnie dans notre orbite, gravitant autour de notre terre aux distances respectives de 450 et 1.000 kilomètres.
Selon cet hebdomadaire, l'Aviation Week Magazine, l'apparition de ces deux nouveaux satellites aurait jeté les officiers supérieurs de l'aviation américaine dans le plus profond désarroi (depuis assez longtemps, on parle de la création de satellites artificiels d'où pourraient être lancées des attaques atomiques), jusqu'à ce que le docteur Lincoln La Paz, directeur des corps extra-terrestres à l'Université du Nouveau-Mexique, se soit rendu à l'observatoire du mont Palomar, où il put s'assurer qu'il s'agissait bien de météores.
Mais les savants français que nous avons pu joindre se montrent assez sceptiquea quant à cette observation. Non pas qu'ils mettent en doute le sérieux du docteur La Paz ni les travaux de l'observatoire du mont Palomar, spécialisée dans l'étude des planètes très rapprochées. Mais ils se méfient de la tendance des revues américaines à découvrir des phénomènes extraordinaires (telle cette étoile qui, il y a quelque temps, se dirigeait sur la terre...).
- Si le fait était exact, nous a déclaré M. Danjon, directeur de l'observatoire de Meudon, nous ne saurions. Car nous possédons deux agences d'informations qui, de Copenhague et de Harvard, près de Boston, nous transmettent par télégramme toutes les informations intéressantes. Or, elle ne nous ont rien signalé.
"La trajectoire d'un satellite quelconque le ferait passer au-dessus de nombreux points de la terre. Ces fameux météores se seraient donc montrés à d'autres observateurs.
"D'autre part, un "satellite" aurait, à 450 kilomètres de la terre, une stabilité absolument incertaine... Son orbite n'étant pas circulaire, tôt ou tard (et plutôt tôt que tard) il tomberait sur la terre. Les satellites artificiels, dont la réalisation est peut-être possible sur le papier, mais dont la fabrication serait infiniment plus difficile que celle de la bombe atomique, devraient être lancés à 1.200 kilomètres au moins de notre sol...