L'article ci-dessous est paru dans le quotidien France-Soir, Paris, France, le 14 octobre 1954.
(De notre envoyé spécial Henri PIGNOLET)
METZ, 13 octobre (par téléphone).
Le gouverneur militaire de Metz, général Navereau, commandant la 6e région, attend ce matin le rapport du commandant Cottel, spécialiste des forces terrestres antiaériennes, sur la présence, dimanche dernier, dans le ciel de la ville, d'un mystérieux engin qui pendant trois heures resta le soir dans le faisceau d'un puissant projecteur de l'armée.
Ce rapport, on imagine avec quels mots et quelle prudence le commandant des F.T.A.A. l'a rédigé. Le commandant Cottel dirigeait le poste de radar installé au stand de l'armée à la foire commerciale de Metz qui vient de fermer ses portes. La station disposait d'un puissant projecteur qui, pendant toute la durée de la foire, balayait le ciel de la ville. Une dizaine d'hommes se trouvaient autour de l'appareil lorsque, dimanche soir, le rayon lumineux s'immobilisa soudain sur un globe immobile en plein ciel, "scintillant, aurait affirmé le commandant, comme une boule d'arbre de Noël."
Le rayon était à la verticale. La "chose" semblait se trouver à 16.000 mètres. C'est du moins ce qu'affirment les connaisseurs. On ne s'affola pas, il faut le dire.
- C'est un ballon-sonde, avança un des servants du projecteur...
- Impossible, "ça" doit avoir cinquante mètres de diamètre.
Tout le monde en convint.
Mais alors?
Alors, comme on ne voulait pas croire aux soucoupes volantes, on décida de nettoyer les glaces et même de changer les charbons du projecteur. Lorsqu'on ralluma celui-ci, le ballon était toujours là.
Les curieux, qui s'étaient groupés autour du projecteur, virent, eux aussi, "la boule de l'arbre de Noël". Ils la virent jusqu'au moment où, vers 22 heures on se résigna à éteindre le projecteur. Ils ne furent pas seuls d'ailleurs, puisque des habitants du faubourg de Sablon devaient, le lendemain, eux aussi, affirmer avoir constaté le phénomène.
Le radar, cependant, dont le pinceau, sans cesse, avait balayé l'espace, n'avait rien accroché.
- La "chose", expliqua un technicien, n'est pas métallique. Elle n'est pas décelable au radar.
Avant-hier, la foire de Metz, qui avait reçu plus de 800.000 visiteurs, fermait ses portes. Plus de projecteur, plus de radar, plus de sphère mystérieuse. Il ne restait que le témoignage d'une quinzaine de personnes, des servants du projecteur, d'un officier du service géographique de l'armée et du commandant Cottel, dont le rapport, qu'on attend au palais du gouverneur militaire avec l'impatience... et la curiosité que l'on devine, fixera ce point de l'histoire des soucoupes volantes.