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Les OVNIS dans la presse quotidienne:

La vague française de 1954 dans la presse:

L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Combat, Paris, France, page 1, le 9 octobre 1954.

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Soucoupes et cigares qui volent

ISOLES ou regroupés, souscoupes et cigares volent. On nous le dit de tous côtés.

Il est difficile d'imaginer que de la Bretagne à la Provence, de Kansas City à Stockholm, il y ait tant d'hallucinés sur cette terre. Comme la notion de "normal" est liée à celle de majorité, il faudra bientôt admettre que seuls les anormaux, ou tout au moins les attardés, ne voient que du bleu dans le ciel.

Les soucoupes, et en tout cas ce qui les voient voler, décoller ou atterrir, sans mentionner les visionnaires les plus génieux encore qui ont aperçu les pilotes, finissent par poser un problème. Ils ont déjà attiré l'attention de M. Jean Nocher, parlementaire, que ne laisse pas insensible ce genre de questions.

M. Jean Nocher demande donc au gouvernement de préciser son opinion sur ce phénomène, indiscutablement national.

Nous ignorons la réponse que donnera à un parlementaire, légitimement soucieux de l'état de santé des électeurs, le "ministre intéressé". On souhaiterait presque que le ministre de la Santé publique prit ses responsabilités.

Les soucoupes bientôt démodées et les cigares ultramodernes ont suscité diverses hypothèses. Les plus graves sont pas les moins plaisante.

Alors ne craignons pas le ridicule et formulons une hypothèse supplémentaire:

Lorsque le ciel vous a jamais fait grâce d'une apparition surnaturelle, lorsque vous n'avez jamais eu, par l'entremise d'une soucoupe ou d'un cigare, le moindre aperçu du monde de l'au-delà (il s'agit, de nos jours, de la planète Mars), lorsqu'en un mot vous êtes un "incroyant", pourquoi ne pas penser que les hommes ont besoin de miracles?

Il faut convenir, qu'on les tienne pour vrai ou faux, que les miracles d'autrefois étaient plus chargée de symboles et, incontestablement, plus poétiques.

Lutins et farfadets dansaient au clair de lune sur les landes bretonnes où se pose, aujourd'hui, un gros bêta de cigare que contemple, ahuri, crétinisé, mais sûr de lui, un de ces hommes "positifs" qui ne croit plus au féEs, aux "histoires de bonnes femmes", on ne sait plus y croire. Mais il croit à son cigare. Il n'a pas vu Mélusine, mais il a vu un mMrtien. Il l'a vu. Il vous le dit. Il n'est pas fou. Il est titulaire du certificat d'études (du baccalauréat ou de la licence).

C'est un homme d'un siècle rationaliste ou l'instruction est obligatoire, ou grâce aux bienfaits de la science, on se riz des loups-garous et du pauvre monstre du loch Ness. Pourtant, depuis que Nietzsche a annoncé que "Dieu est mort", l'homme a créé, ici et là, d'autres idoles. Pourtant depuis que l'on explore l'univers, qu'on l'industrialise et qu'on le simplifie, le besoin de mystère demeure, plus ou moins refoulé, plus ou moins latent. Seulement les miracles que l'on enregistre ces jours-ci (et dont on dresse aussitôt, bien sûr, la statistique) sont des miracles assez mornes. La valeur du spectacle révélé aux nouveaux élus est pauvres.

Quel symbole discernent-ils? Quelles qualités d'émotion ressenti-t-il?

Ces soucoupes et ces cigares qui paraissent sortis (qui sont peut-être sortis) d'illustrés de "science-fiction", ne nous émeuvent pas. Ce sont les visions surnaturelles de gens prosaïques dont certains se disent incroyants mais qui sont tous cependant crédules. Ce sont les tristes miracles d'un siècle sans foi.

Voilà ce qu'on croyait pouvoir penser des soucoupes volantes et de ceux qui les voient. Mais cette hypothèse reçoit le plus terrible des démentis. Elle s'effondre. On nous apprend qu'un père dominicain a vu, lui aussi, voler une soucoupe dans un ciel qui n'est pourtant pas pour lui désespérément vide!

Eugène MANNONI

... sont-ils les "miracles" d'un siècle sans foi?

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Cette page a été mise à jour le 31 mai 2025.