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La CIA et le phénomène OVNI:

La Central Intelligence Agency des Etats-Unis admet son rôle de "correction" de l'opinion publique en ce qui concerne les OVNIS ces cinquante dernières annés.

Le rôle historique de la CIA concernant OVNIS et ufologues:

Ce document est une copie traduite de l'original disponible sur le site de la CIA dans http://www.cia.gov/csi/studies/97unclass/ufo.html.

LE ROLE DE LA CIA DANS L'ETUDE DES OVNIS, 1947-90:

Gerald K. Haines.

Extraordinairement, 95% des Américains ont au moins entendu ou ont lu quelque chose au sujet des objets volants non identifiés (OVNIS) et 57% croient qu'ils sont réels. (1)Les anciens Présidents Carter et Reagan affirment avoir vu un OVNI. Des Ufologues (un néologisme pour les fans d'OVNIS) et des organismes privés d'OVNIS sont trouvés dans l'ensemble des Etats-Unis. Beaucoup sont convaincus que le gouvernement des USA, et en particulier la CIA, sont engagés dans une conspiration et une dissimulation massive du sujet. L'idée que la CIA a secrètement caché ses recherche sur les OVNIS est un thème récurrent chez les fanatiques d'OVNIS depuis que le phénomène moderne des OVNI a émergé vers la fin des années 40. (2)

Vers la fin de 1993, après avoir été pressé par les Ufologues de fournir les informations additionnelle de la CIA sur les OVNIS, (3) DCI R. James Woolsey a commandé un autre examen de tous les dossiers de l'agence sur les OVNIS. En utilisant des enregistrements de la CIA compilés par cette révision, cette étude trace l'intérêt et la participation de la CIA dans la polémique OVNI depuis la fin des années 40 jusqu'en 1990. Elle examine chronologiquement les efforts de l'agence de résoudre le mystère OVNI, de ses programmes qui ont eu un impact sur les observations d'OVNIS, et de ses tentatives de cacher la participation de la CIA dans l'intégralité de l'affaire des OVNIS. Ce qui émerge de cet examen est que, alors que le souci de l'agence au sujetb des OVNIS était substantiel jusqu'au début des années 50, la CIA a depuis lors seulement une attention limitée et périphérique au phénomène.

La toile de fond

L'apparition en 1947 de la confrontation de la guerre froide entre les Etats-Unis et l'Union soviétique a également été l'apparition de la première vague d'observations d'OVNIS. Le premier rapport d'une "soucoupe volante" au-dessus des Etats-Unis est effectué le 24 juin 1947, quand Kenneth Arnold, un pilote privé et homme d'affaires honorable, alors quil recherchait un avion en panne, aperçu neuf objets en forme de disque près de Mount Rainer, état de Washington, voyageant à une vitesse estimée de plus de 1.000 miles par heure. Le rapport d'Arnold a été suivi d'une pléthore d'observations additionnelles, y compris des rapports de pilotes et d'aiguilleurs du ciel militaires et civils partout aux Etats-Unis. (4) En 1948, le général Nathan Twining, de l'USAF, chef du Air Technical Service Command lance le projet SIGN (d'abord appelé project SAUCER) assemblant, évaluant, et distribuant au gouvernement toute l'information concernant de telles observations, sur les lieux ou des OVNIS pourraient être un problème de sécurité nationale. (5)

La Division technique du renseignement de l'Air Material Command (AMC) de la base de Wright (base aérienne plus tard nommée Wright-Patterson) à Dayton, Ohio, se chargea de diriger le projet SIGN et a commencé ce travail le 23 Janvier 1948. Bien que la première crainte était que les objets pourraient être des armes secrètes soviétiques, l'Armée de l'Air ait bientôt conclu que les OVNIS étaient réels mais facilement expliqués et non extraordinaire. Le rapport de l'Armée de l'Air a constata que presque toutes les observations provenaient d'une ou plusieurs de ces trois causes: l'hystérie et l'hallucination de masse, le canular, ou l'interprétation erronnée de phénomènes connus. Néanmoins, le contrôle recommanda que l'on continue é effectuer des recherches sur toutes les observations et n'a as éliminé la possibilité de phénomènes extraterrestres. (6)

Malgré l'augmentation des observations d'OVNI, l'USAF continuait à recueillir et évaluer les données ufologiques à la fin des années 40 sous un nouveau projet, Grudge, qui essayait d'alléger l'anxiété publique au sujet des OVNIS par une campagne de relation publique conçu pour persuader le public que les OVNIS ne constituait rien d'inhabituel ou d'extraordinaire. Les OVNIS aperçus étaient expliqués par des ballons, avions conventionnels, planètes, météores, illusions d'optiques, reflets solaires, ou mêmes "gros grêlons." Les fonctionnaires du projet Grudge ne trouvaient aucune évidence dans les observations d'OVNI d'armes étrangères et ils concluaient que les OVNIS ne menaçaient pas sécurité des USA. Ils recommandèrent que le projet soit réduit parce que l'existence même de l'intérêt de l'USAF encourageait les gens à croire aux OVNIS et contribuait à une atmosphère "hystérique de temps de guerre." Le 27 décembre 1949, l'USAF annonçait la fin du projet. (7)

Avec l'augmentation de la tension pendant la guerre froide, la guerre de Corée et les rapports d'observation d'OVNI qui continuaient à être reçu, le Directeur des renseignements de l'USAF, le Maj. Gen. Charles P. Cabell commandait un nouveau projet OVNI en 1952. Le projet Bluebook (Livre Bleu) devint de plus important effort de l'USAF pour étudier le phénomène OVNI dans les années 50 et 60. (8) La tâche d'identifier et expliquer les OVNIS continuait à reposer sur les épaules de l'Air Material Command à Wright-Patterson. Avec peu de moyens, l'Air Technical Intelligence Center (ATIC) essayait de convaincre le public que les OVNIS n'étaient pas extraordinaires. (9) Les projets Sign, Grudge, et Bluebook établissaient le ton pour ce qui allait être la position officielle du gouvernement des États-Unis, en matière d'OVNIS, pour les prochains 30 ans.

Les inquiétudes initiales de la CIA, 1947-52

La CIA surveillait étroitement les efforts de l'USAF, consciente du nombre croissant d'observations et de plus en plus inquiète que les OVNIS pourraient poser une menace potentielle pour la sécurité de l'état. (10) Étant donné la distribution des observations, les instances de la CIA, en 1952, se demandèrent s'ils n'avaient pas affaire au "midsummer madness." (11) L'agence acceptait les conclusions de l'USAF à propos des rapports d'OVNI, par contre, "puisqu'il pouvait y avoir une possibilité qu'ils s'agissent d'appareils interplanétaires, il était nécessaire d'étudier chaque observation." (12)

Une augmentation massive des observations aux États-Unis en 1952, surtout en juillet, a alarmé l'administration Truman. Les 19 et 20 juillet, les écrans radar à l'Aéroport de Washington et à la base d'Andrews traquèrent de mystérieux échos. Le 27 juillet, les échos furent à nouveau signalé. L'USAF dépêcha des intercepteurs, mais ne trouvèrent rien. Les incidents, cependant, eurent droit aux gros titres partout au pays. La maison Blanche voulu savoir ce qui se passait, et l'USAF offrit rapidement l'explication que les échos radar pourraient être le résultat "d'inversion de température." Ultérieurement, une enquête de l'Administration de l'Aviation Civile confirmait que de tels échos radar étaient assez communs et étaient causés par des inversions de température. (13)

Bien qu'elle ait surveillé la situation ufologique pendant au moins trois ans, la CIA réagissait à la nouvelle éruption d'observations en formant un groupe spécial d'étude au sein du Office of Scientific Intelligence (OSI) et du Office of Current Intelligence (OCI) afin de revoir la situation. (14) Edward Tauss, agissant à titre de chef de l'OSI, Division de l'Équipement et de l'Armement, porte parole du groupe, rapporta que la majorité des observations d'OVNI pouvaient être expliqués aisément. Néanmoins, il recommandait que l'Agence continue surveiller le problème, en coordination avec l'ATIC. Il exhortait aussi que la CIA dissimule son intérêt aux médias et au public, "dans la peur des tendances alarmistes possible" qu'un tel intérêt, confirmant l'existence des OVNIS pourrait avoir. (15)

Sur réception du rapport, le Directeur-adjoint pour l'Intelligence (DDI) Robert Amory Jr attribua le dossier OVNI à l'OSI, Division d'Électronique et Physique, avec A. Ray Gordon comme officier en charge. (16) Chaque branche de la division devait contribuer à l'enquête, et Gordon devait étroitement coordonner le tout avec l'ATIC. Amory, qui demandait d'étudier les implications des OVNIS sur la sécurité nationale, transmettait les inquiétudes du DCI Walter Bedell Smith. (17) Smith voulait connaître si l'enquête de l'USAF sur les soucoupes volantes était suffisamment objective et combien d'argent et d'effectif additionnel serait nécessaire pour déterminer la cause du petit pourcentage de cas inexpliqués. Smith croyait qu'"il n'y avait qu'une chance sur 10,000 que le phénomène soit une menace à la sécurité du pays, mais même ce petit risque ne devait pas être négligé." Selon Smith, il était de la responsabilité de la CIA, en raison de son statut, de coordonner les efforts nécessaires pour résoudre le problème. Smith voulait aussi savoir comment on pourrait employer le phénomène OVNI dans les efforts américains en matière de guerre psychologiques. (18)

Avec Gordon à leur tête, le Groupe d'Étude de la CIA a rencontré des officiers de l'USAF à Wright-Patterson et a révisé leurs données et résultats. L'USAF concluait que 90 pourcent des observations rapportées étaient aisément expliquées. Le 10 pour-cent résiduel était caractérisés comme "des rapports incroyables, par des observateurs crédibles". L'USAF rejetait les théories que ces observations étaient le résultat du développement d'armes secrètes, américaines ou soviétiques, ou qu'ils découlaient des "martiens"; il n'y avait aucune preuve qui soutenait ces concepts. Les officiers de l'USAF tentaient d'expliquer ces OVNIS comme le résultat d'une mauvaise interprétation d'objets connus ou de phénomènes naturels mals compris. (19) L'USAF et la CIA étaient en accord que si l'intérêt de la CIA envers les OVNIS devait être connu du public, le problème semblerait plus sérieux. (20) Cette dissimulation de l'intérêt de l'Agence contribuera, ultérieurement, à alimenter la croyance d'une conspiration de la CIA et d'une dissimulation.

Les photos d'OVNI par les amateurs:

Passoria, New Jersey, 31 juillet 1952

Sheffield, Angleterre, 4 mars 1962 & Minneapolis, Minnesota, 20 octobre 1960

Le Groupe d'Étude de la CIA {http://www.ufomind.com/people/c/cia/}chercha dans la presse Soviétique pour des rapports d'OVNI, mais n'en trouva aucun. Ce qui leur fit conclure que l'absence de rapports devait être le résultat d'une politique du Gouvernement Soviétique. Le groupe imaginait l'emploi possible, par l'URSS, des OVNIS comme un outil de guerre psychologique. En outre, ils s'inquiétaient du fait que si le système d'alerte Américain devait être délibérément surchargés d'observations d'OVNI, les Soviétiques pourraient utiliser l'avantage de la surprise pour une attaque nucléaire. (21)

A cause de l'atmosphère tendue de la Guerre Froide et l'augmentation des capacités Soviétiques, le Groupe d'Étude était très inquiet des effets du phénomène OVNI pour la sécurité nationale. Le groupe croyait que les Soviétiques pourraient utiliser les rapports d'OVNI pour créer une panique ou hystérie massive aux États-Unis. Le groupe croyait aussi que les Soviétiques pourraient utiliser les observations d'OVNI pour surcharger le système d'avertissement de l'USAF et l'empêcher de distinguer les cibles réelles des OVNIS. H. marshall Chadwell, Assistant Directeur de l'OSI, ajoutait qu'il considérait le problème d'une telle importance "qu'il devrait être porté à l'attention du Conseil de Sécurité Nationale, pour qu'un effort national coordonné pour sa résolution soit instauré." (22)

Chadwell informa le DCI Smith du problème OVNI en décembre 1952. Il exhortait une action rapide parce qu'il était convaincu qu'"il y avait quelque chose là qui demandait une attention immédiate" et que " les observations inexpliquées à grandes altitudes et voyageant à hautes vitesses non loin d'importantes installations de défense Américaines sont de telle nature qu'ils ne sont pas attribuables aux phénomènes naturels ou connus de types de véhicules aériens." Il esquissait un mémorandum du DCI au Conseil de Sécurité Nationale (NSC) et une suggestion de Directive du NSC établissant l'enquête des OVNIS comme un projet prioritaire à travers les agences de renseignement et de recherche de défense et la communauté de développement. (23) Chadwell exhortait aussi Smith d'établir un projet externe de recherche avec des scientifiques de haut niveau pour étudier le problème des OVNIS. (24) Après cet entretien, Smith ordonna au DDI Amory de préparer une Directive du NSC (NSCID) pour la soumission au NSC sur le besoin de continuer l'enquête sur les OVNIS et à les coordonné avec l'USAF. (25)

Le Robertson Panel, 1952-53:

Le 4 Décembre 1952, le Comité Consultatif des Renseignements (IAC) s'attaquait au problème des OVNIS. (26) Amory, comme président provisoire, a présenté la requête du DCI Smith au comité pour qu'il discute, de façon informelle, le sujet des OVNIS. Chadwell passa alors en revue la situation et le programme actif de l'ATIC relativement aux OVNIS. Le comité fut d'accord que le DCI devrait "recruter les services de scientifiques pour revoir et évaluer les évidences disponibles à la lumière de théories scientifiques pertinentes" et esquisser un NSCID sur la matière. (27) Maj. Gen. John A. Samford, Directeur des Renseignements de l'USAF, a offert une pleine coopération. (28)

En même temps, Chadwell vérifia ce que faisaient les Britanniques dans ce dossier. Il apprenait que les Britanniques étaient actifs, eux aussi, pour étudier le phénomène OVNI. Un scientifique Britannique éminent, R. V. Jones, dirigeait un comité sur des soucoupes volantes créé en Juin 1951. Les conclusions du Comité dirigé par Jones étaient similaires à celles de l'Agence officielle: les observations n'étaient pas des avions ennemis mais une mauvaise interprétation de phénomènes naturels. Les Britanniques notèrent cependant, que pendant un récent spectacle aérien, des pilotes de la RAF et des hauts gradés militaires avaient observé une "soucoupe volante parfaite." La presse s'empara de l'affaire et, selon l'officier, Jones avait un beaucoup de difficultés à corriger l'opinion publique en ce qui concerne les OVNIS. Le public était convaincu qu'ils étaient réels. (29)

En Janvier 1953, Chadwell et H. P. Robertson , un physicien notoire de l'Institut de Technologie de la Californie, rassemblaient un ensemble de distingués scientifiques, non militaire, pour étudier le problème OVNI. Il incluait Robertson comme président; Samuel A. Goudsmit, un physicien nucléaire du Brookhaven National Laboratories; Luis Alvarez, un physicien spécialisé sur les grandes énergies; Thornton Page, le Directeur adjoint des John Hopkins Operations Research Office et expert sur les radars et l'électronique; et Lloyd Berkner, un Directeur du Brookhaven National Laboratories et spécialiste en géophysique. (30)

Le mandat du Comité était de revoir les évidences disponibles sur les OVNIS et évaluer considérer les dangers possibles des phénomènes sur la sécurité nationale. Le Comité s'est réuni du 14 au 17 janvier 1953. Il passa en revue les données de l'USAF sur l'historique des OVNIS et, après avoir étudié le phénomène pendant 12 heures, conclu que des explications raisonnables pourraient être suggérées pour la majorité, sinon toutes, les observations. Par exemple, après revoir vu le film tourné près de Tremonton, Utah, le 2 juillet 1952 et celui près de Great Falls, Montana, le 15 Août 1950, le Comité concluait que les images sur le film de Tremonton étaient causées par la lumière du soleil réfléchissant sur des et que les images de Great Falls étaient la lumière du soleil réfléchissant de la surface de deux intercepteurs de l'USAF. (31)

Le Comité concluait unanimement qu'il n'y avait aucune évidence d'une menace directe à la sécurité nationale. Le Comité ne trouva aucune évidence que les objets aperçus pourraient être d'origine extraterrestre. Il trouvait aussi que de continuer à mettre l'accent sur les OVNIS pourrait menacer "le bon fonctionnement" du gouvernement en surchargeant les canaux de communication avec des rapports inconséquents et en induisant un "comportement d'hystérie de masse" nocif aux autorités. Le Comité s'inquiétait aussi qu'un ennemi potentiel, contemplant une attaque sur les États-Unis, pourrait exploiter le phénomène OVNI et l'utiliser pour perturber la défense Américaine. (32)

Pour contrer ces problèmes, le Comité recommandait que le Conseil de sécurité rabaisse les rapports d'OVNI et institue une politique d'instruire le public pour les rassurer sur le manque d'évidence derrière les OVNIS. Il suggérait d'utiliser les médias, les annonces, les clubs d'affaire, les écoles, et mêmes la corporation Disney pour transmettre le message. Alors au sommet du maccarthysme, le Comité a aussi recommandé que les groupes privés, tel le Civilian Flying Saucer Investigators à Los Angeles et le Aerial Phenomena Research Organization au Wisconsin, soient surveillé pour des activités subversives. (33)

Les conclusions de Comité Robertson (Robertson Panel) étaient remarquablement similaires à celles, rendues plus tôt par les projets Sign et Grudge, de l'USAF ainsi qu'au groupe d'étude à l'OSI de la CIA. Tous ces groupes arrivèrent à la conclusion que les rapports d'OVNI n'indiquaient aucune menace directe à la sécurité nationale et n'apportaient aucune évidence de visites extraterrestres.

Suivant les conclusions du Comité Robertson, l'Agence abandonnait ses efforts pour produire un NSCID sur les OVNIS. (34) Le Comité Consultatif Scientifique sur les OVNIS (le Comité Robertson) soumettait son rapport à la CIA, au Secrétaire de la Défense, au Directeur de l'Administration Fédérale de Défense Civile, et au Président du Conseil National des Ressources de Sécurité. Les représentants de la CIA agréèrent qu'il ne semblait pas justifié d'y prêter plus de considérations, bien qu'ils continuaient à s'intéresser aux observations dans l'intérêt de la sécurité nationale. Philip Strong et Fred Durant, de l'OSI, en informèrent aussi le Bureau d'Estimations Nationales des résultats. (34) Les fonctionnaires de la CIA voulaient que l'intérêt de l'Agence au sujet des soucoupes volantes, soit gardé secret, notant que le rapport du Comité Robertson devait être classifié et que surtout que personne ne devait savoir que la CIA avait commandité ce comité. C'est cette attitude qui allait causer, ultérieurement, de grave problèmes de crédibilité à l'Agence. (35)

Les années 50: Diminution de l'intérêt de la CIA pour les OVNIS:

Après le rapport du Comité Robertson, les fonctionnaires de l'Agence mirent le problème des OVNIS sur les tablettes. En mai 1953, Chadwell transféra cette responsabilité, de se garder informé sur les OVNIS, à la Division d'Électronique et de Physique de l'OSI, tandis que la Division des Sciences Appliquées devait continuer à fournir le soutien nécessaire. (37) Todos M. Odarenko, chef de la Division d'Électronique et Physique, ne voulait pas de ce problème, prétendant qu'il nécessiterait beaucoup trop de clérical et analytique pour sa division. Étant donné les résultats du Comité Robertson, il recommanda de considérer le projet "inactif" et de ne consacrer qu'un seul analyste, à temps partiel, et un commis pour entretenir un dossier de référence des activités de l'USAF et des autres agences sur les OVNIS. Selon Odarenko, ni la Navy, ni l'Armée ne montrait beaucoup d'intérêt aux OVNIS. (38)

Un sceptique quant aux OVNIS, Odarenko cherchait à soulager sa division de la responsabilité du contrôle des rapports d'OVNI. En 1955, par exemple, il recommandait que le projet entier soit terminé parce qu'aucune nouvelle information, concernant les OVNIS, n'était apparue. D'autres parts, ajoutait-il, sa division faisait face à d'importante réduction de budget et ne pouvait se permettre de gaspiller des ressources. (39) Chadwell, ainsi que d'autres fonctionnaires de l'Agence, continuait de s'inquiéter au sujet des OVNIS. Un souci grandissant provenait des observations d'OVNI outre-mer et la rumeur que des ingénieurs Allemands, détenus par les Soviétiques, développaient une "soucoupe volante" comme future arme de guerre. (40)

Pour la majorité des dirigeants militaires et politiques Américains dans le milieu des années 50, l'Union Soviétique était devenue un adversaire dangereux. Le progrès soviétique dans l'armement nucléaire et les missiles guidés était particulièrement alarmant. A l'été 1949, L'URSS avait fait détoner une bombe atomique. En août 1953, seulement neuf mois après les essais Américains d'une bombe à hydrogène, les Soviétiques en détonaient une. Au printemps de 1953, une étude ultra-confidentielle de la corporation RAND indiquait la vulnérabilité des bases de la SAC à une attaque surprise de bombardiers Soviétiques longue portée. La menace d'une attaque Soviétique continuait à croître, et les observations d'OVNI ajoutaient au malaise.

La montée des rapports d'OVNI en Europe de l'est et en Afghanistan incitait à croire que les Soviétiques faisaient de rapide progrès dans cette sphère. La CIA savait que les Britanniques et les Canadiens expérimentaient déjà avec des "soucoupes volantes". Le projet Y était une opération conjointe Canada-Angleterre-États-Unis pour développer un engin non conventionnel en forme de soucoupe volante, et les fonctionnaires de l'Agence craignaient que les Soviétiques ne testent des dispositifs similaires. (41)

Ajoutant aux soucis, une soucoupe volante fut aperçue par le Sénateur Américain Richard Russell et son équipe alors qu'ils voyageaient sur un train en L'URSS en octobre 1955. Après des entrevues extensives avec Russell et son groupe, la CIA a cependant conclut que l'observation de Russell ne soutenait pas la théorie que les Soviétiques avaient développé une soucoupe volante. Herbert Scoville, Jr., Directeur Adjoint de l'OSI, écrivait qui les objets observés étaient probablement des avions normaux, des jets, en montée verticale. (42)

Wilton E. Lexow, à la tête de la Division des Sciences Appliquées de la CIA, était aussi sceptique. Il se demandait pourquoi les Soviétiques continuaient de développer des avions conventionnels s'ils avaient une soucoupe volante. (43) Scoville demanda à Lexow de prendre la responsabilité de l'évaluation des aptitudes et limites d'un avion non conventionnel et de maintenir le dossier central de l'OSI sur les OVNIS.

Les U-2 et OXCART de la CIA comme OVNIS:

En novembre 1954, la CIA entrait dans le monde de la technologie de pointe avec son projet U-2. De concert avec l'Advance Development de Lockheed à Burbank, Californie, connue sous le nom de Skunk Works, et Kelly Johnson, un éminent ingénieur aéronautique, l'Agence commençait, en août 1955, les essais en haute altitude d'un avion expérimental: le U-2. Il pouvait voler à 60,000 pieds alors que, au milieu des années 50, les avions de ligne volaient entre 10,000 pieds et 20,000 pieds. Conséquemment, une fois que le U-2 a commencé ses essais, les contrôleurs de la circulation aérienne et les pilotes commerciaux commençaient à rapporter un plus grand nombre d'OVNI. (44)

Les premiers U-2 étaient de couleur argent (ils furent ultérieurement peint en noir) et réfléchissaient les rayons du soleil, surtout à l'aube et couché du soleil. Ils paraissaient souvent comme objets ardents aux observateurs. Les enquêteurs du projet Bluebook de l'USAF étaient conscient du caractère confidentiel des vols de U-2 et essayaient d'expliquer les observations en les attribuant à des phénomènes naturels tels que les cristaux de glace et les inversions de température. En vérifiant avec le personnel de l'Agence chargé du projet U-2, à Washington, les enquêteurs du Bluebook purent attribuer beaucoup d'observations d'OVNI aux vols de U-2. Ils prenaient garde, cependant, de ne pas révéler au public la vraie cause de l'observation.

Selon les estimations subséquentes du personnel de la CIA qui travaillaient sur le U-2 et le projet OXCART (SR-71, Blackbird), plus de la moitié de tous les rapports d'OVNI de la fin des années 50 et des années 60 étaient dus à des vols de reconnaissance (notamment le U-2) au-dessus des États-Unis. (45) Cela forçait l'USAF à tromper l'opinion publique et à faire des déclarations inexactes afin d'apaiser les craintes du public et à protéger un projet de sécurité nationale extraordinairement sensible. Bien qu'elle soit peut-être justifiée, cette déception ajoutera du carburant à la théorie conspirationiste et les accusations de complot des années 70. Le pourcentage de ce que l'USAF considérait des observations d'OVNI inexpliqué tombait à 5.9% en 1955 et à 4% en 1956. (46)

A cette époque, il y avait beaucoup de pression pour que le rapport du Comité Robertson sur les OVNIS soit rendu publique. En 1956, Edward Ruppelt, autrefois à la tête du projet Bluebook, révélait publiquement l'existence du Comité. Un best-seller, écrit par l'ufologue Donald Keyhoe, un major retraité du Corps des Marines, demandait la libération de toutes les informations du gouvernement relatives aux OVNIS. Des groupes civils sur les OVNIS, tel le National Investigations Committee on Aerial Phenomena (NICAP) et le Aerial Phenomena Research Organization (APRO) demandèrent aussitôt la publication du rapport du Comité Robertson. (47) Sous la pression, l'USAF demanda à la CIA la permission de déclassifier et libérer le rapport. Malgré cette pression, Philip Strong, Assistant Adjoint au Directeur de l'OSI, refusa de déclassifier le rapport et laisser révéler l'implication de la CIA envers le Comité. Comme alternative, l'Agence prépara une version assainie du rapport en effaçant toute référence à la CIA et en évitant toute mention de guerre psychologique en rapport avec la controverse OVNI. (48)

Cependant, les demandes pour plus d'information sur les OVNIS ne diminuaient pas. Le 8 mars 1958, Keyhoe, dans une entrevue avec Mike Wallace de CBS, a déclaré que la CIA était profondément impliquée dans les OVNIS qu'elle avait financé le Comité Robertson. Cela initia une correspondance de Keyhoe et du Dr Leon Davidson , un ingénieur chimiste et ufologue, avec l'Agence. Ils exigeaient la libération pleine et entière du rapport du Comité Robertson et la confirmation de l'implication de la CIA dans le problème OVNI. Davidson s'était lui-même convaincu que l'Agence, et non l'USAF, portait la responsabilité pour l'analyse des rapports d'OVNI et que "les activités du Gouvernement Américain étaient responsables des observations de soucoupes volantes de la dernière décennie." A cause du secret entourant les vols du U-2 et du projet OXCART, Davidson était plus près de la vérité qu'il ne le soupçonnait. La CIA, tenait néanmoins fermement à la politique de ne pas révéler son rôle dans le dossier OVNI et refusait de déclassifier l'intégral du rapport Robertson. (49)

Lors d'une réunion avec des représentants de l'USAF pour discuter de la manière qui devra être utilisée pour traiter les futures demandes, les fonctionnaires de l'Agence confirmaient leur opposition à la déclassification du rapport intégral et s'inquiétaient que Keyhoe était en bon rapport avec l'ex-Vadm du DCI, Roscoe Hillenkoetter, qui était maintenant sur le comité de direction du NICAP. Il y eut un débat à savoir si le Conseiller Général de la CIA, Lawrence R. Houston, pourrait montrer le rapport intégral à Hillenkoetter comme une voie possible pour désamorcer la situation. L'officier Frank Chapin, de la CIA, suggérait aussi que Davidson pourrait avoir d'autres motifs, "pas nécessairement dans le meilleur intérêt du pays," et suggéra de demander au FBI d'enquêter. (50) Bien que les dossiers sont vague sur l'enquête du FBI sur Davidson ou Keyhoe, ou si Houston a rencontré Hillenkoetter à propos du rapport Robertson, Hillenkoetter démissionnait du NICAP en 1962. (51)

L'Agence fut également impliquée dans deux célèbres cas d'OVNI avec Davidson et Keyhoe dans les années 50, qui aidèrent à faire croître la méfiance du public envers la CIA sur le sujet des OVNIS. L'un fait état d'un enregistrement d'un signal radio provenant d'une soucoupe volante; l'autre sur des photos d'une soucoupe volante. L'incident du "code radio" commença assez innocemment en 1955, quand deux soeurs, à Chicago, Mildred et Marie Maier, rapportèrent, dans le Journal of Space Flight, leurs expériences avec les OVNIS, incluant l'enregistrement d'une transmission radio dans lequel un code non identifié était entendu. Les soeurs enregistrèrent l'émission et d'autres opérateurs radio amateur disaient avoir entendu, eux aussi, le "message de l'espace." L'OSI s'y intéressa et demanda à la Scientific Contact Branch d'obtenir une copie de l'enregistrement. (52)

Les officiers supérieurs de la Division de Contact (CD), l'un d'eux étant Dewelt Walker, contactèrent les soeurs maier, qui étaient "électrisées que le gouvernement soit intéressé," et acceptèrent de les rencontrer. (53) En voulant récupérer la bande, les officiers rapportèrent qu'ils étaient tombés dans une scène de Arsenic and Old Lace. "La seule chose manquante était le vin", télégraphiait Walker à l'État-major. Après avoir revu l'album des soeurs de leurs jours sur la scène, les officiers obtenaient une copie de l'enregistrement. (54) L'OSI analysa la bande et le découvrit qu'il s'agissait d'un code morse d'une station radio Américaine.

L'affaire dormit ainsi jusqu'à ce que l'ufologue Leon Davidson parle avec les soeurs Maier en 1957. Les soeurs se rappelaient qu'elles avaient parlé avec un M. Walker qui disait être de l'USAF. Davidson écrivit alors à un M. Walker, le croyant être un Officier des Renseignements pour l'USAF à Wright-Patterson, et demanda si la bande avait été analysée par l'ATIC. Dewelt Walker répondit à Davidson que la bande n'avait été envoyée plus haut pour l'évaluation, et qu'aucune information n'était disponible sur les résultats. Nullement satisfait, et soupçonnant ce Walker d'être un agent de la CIA, Davidson écrivit ensuite au DCI Allen Dulles demandant ce que le message codé révélait et qui était M. Walker. (55) L'Agence, voulant garder le lien Walker avec la CIA secret, répondait qu'une autre agence du gouvernement avait analysé la bande en question et que Davidson recevrait des informations de l'USAF. (56) Le 5 août, l'USAF écrivait à Davidson que ce Walker "était et est un Officier de l'USAF" et que la bande "avait été analysée par une autre organisation du gouvernement." La lettre de l'USAF confirmait que l'enregistrement ne contenait que des codes morse identifié qui provenait d'une station radio licenciée. (57)

Davidson récidiva auprès de Dulles. Cette fois il voulait connaître l'identité de l'opérateur et de l'agence qui avait fait l'analyse. La CIA et l'USAF étaient dans l'embarras. L'Agence avait nié qu'elle avait analysé la bande. L'USAF avait aussi nié avoir analysé la bande et déclarait que ce Walker était un officier de l'USAF. Des agents de la CIA, incognito, contactèrent Davidson à Chicago et promettèrent d'obtenir la traduction du code et l'identification de l'émetteur, si possible. (58)

Lors d'une autre tentative pour apaiser Davidson, un agent de la CIA, toujours incognito et portant son uniforme de l'USAF, contacta Davidson à New York. L'agent de la CIA expliqua qu'il n'y avait aucune super-agence d'impliquée et que la politique de l'USAF était de pas dévoiler qui fait quoi. Laissant croire qu'il comprenait cet argument, Davidson demandait néanmoins de connaître le contenu du message et sa source. L'agent consenti de voir ce qu'il pourrait faire. (59) Après avoir vérifié avec l'État-major, l'agent de la CIA téléphona à Davidson pour rapporter que, vérification faite, la bande et les annotations faites alors avaient été détruites parce que l'origine était connue et pour récupérer l'espace occupé par les dossiers. (60)

Furieux parce qu'il croyait s'être fait berner, Davidson dit à l'agent de la CIA que "lui et son agence, peu importe lequel, agissaient comme Jimmy Hoffa et les Teamster Union en détruisant des dossiers qui pourrait les incriminer." (61) Croyant que d'autre contact avec Davidson ne ferait qu'encourager plus de spéculation, la CD s'en lava les mains en rapportant au DCI et à l'ATIC qu'il ne répondrait plus ni ne tenterait d'autre contact avec Davidson. (62) C'est ainsi, qu'un incident mineur, et plutôt banal, piètrement manié par la CIA et l'USAF, devint un volet majeur dans le mystère entourant les OVNIS et le rôle de la CIA dans leur étude.

Un autre incident mineur, quelques mois plus tard, vint ajouter du poids au questionnement sur le vrai rôle de l'Agence à l'égard des soucoupes volantes. L'attitude secrète de la CIA amplifia grandement l'affaire. En 1958, le Major Keyhoe soutenait que l'Agence demandait délibérément aux témoins oculaires d'OVNI de ne pas en parler en public. (63)

L'incident provient d'une requête de l'OSI au CD, en novembre 1957, d'obtenir de Ralph C. Mayher, un photographe de KYW-TV à Cleveland, Ohio, certaines photos, qu'il avait pris en 1952, d'un objet volant non identifié. Harry Real, du CD, contacta Mayher et obtint des copies des photos pour l'analyse. Le 12 décembre 1957, John Hazen, un autre agent du CD, renvoya les cinq photos d'OVNI à Mayher sans les commenter. Mayher demanda à Hazen ce qu'avait donné l'évaluation des photos, expliquant qu'il essayait organiser un programme documentaire de télé sur les OVNIS. Il voulait mentionner, à l'émission, qu'une agence de renseignement américaine avait vu les photographies et les a trouvées intéressantes. Hazen déconseilla à Mayher de prendre cette approche, en ajoutant toutefois que Mayher était un citoyen américain et qu'il devait prendre sa propre décision à ce sujet. (64)

Plus tard, Keyhoe contactait Mayher, qui lui conta son histoire de photographie et de CIA. Toujours avec l'intention d'exposer le rôle de la CIA dans l'étude des OVNIS, Keyhoe demandait alors à l'Agence de confirmer que Hazen était à leur emploi. L'Agence refusa, malgré le fait que les représentants du CD portaient les pièces justificatives identifiant leur association à l'Agence. L'aide du DCI Dulles, John S. Earman, envoya une simple lettre neutre à Keyhoe notant que, puisque les OVNIS étaient principalement du ressort de l'USAF, l'Agence avait référé sa lettre à l'USAF pour une réponse appropriée. Comme pour Davidson, la réponse de l'Agence à Keyhoe ne fit qu'alimenter les spéculations voulant que l'Agence est profondément impliquée dans les observations d'OVNI. La pression pour l'information détenue par la CIA sur les OVNIS continua ainsi à croître. (65)

Bien que l'intérêt de la CIA envers les cas d'OVNI diminuait, elle n'en continuait pas moins à surveiller ce qui s'y passait. Les fonctionnaires de l'Agence sentaient le besoin de se tenir au courant sur les OVNIS pour informer le DCI des rapports sensationnels. (66)

Les années 60: baisse de la participation de la CIA et montée de la controverse:

Au début des années 60, Keyhoe, Davidson, et d'autres ufologues continuèrent d'harceler l'Agence pour la libération d'informations sur les OVNIS. Davidson clamait maintenant que la CIA "était l'unique responsable de la fureur sur les soucoupes volantes, qu'elle avait créé comme arme de guerre psychologique de la guerre froide depuis 1951." Malgré les demandes d'audiences du Congrès et la libération de tout le matériel OVNI, peu de choses ont changé. (67)

Cependant, en 1964, à la suite de discussions à la maison Blanche sur les actions à prendre si une intelligence extraterrestre était découverte dans l'espace et une nouvelle vague d'observations d'OVNI déferlait, le DCI John McCone demandait une mise à jour de l'évaluation du dossier OVNI à la CIA. En réponse à la requête de McCone, l'OSI demandait au CD d'obtenir divers rapports et échantillons récents d'observations d'OVNI au NICAP. Étant donné que Keyhoe, l'un des fondateurs, n'était plus actifs dans l'organisation, les agents de la CIA rencontrèrent Richard H. Hall, le directeur provisoire. Hall donna aux agents des extraits de la base de donnée du NICAP sur les plus récentes observations. (68)

Après que les agents de l'OSI aient revu le dossier, Donald F. Chamberlain, Assistant Directeur de l'OSI, assura McCone que peu de choses avaient changé depuis le début des années 50. Il n'y avait toujours aucune évidence que ces OVNIS étaient une menace à la sécurité des États-Unis ou qu'ils étaient d'"origine étrangère." Chamberlain expliqua à McCone que l'OSI surveillait encore les rapports d'OVNI, incluant l'enquête de l'USAF, le Projet Bluebook. (69)

En même temps que la CIA conduisait cette revue interne, la pression publique forçait l'USAF à établir un comité spécial ad hoc pour revoir Bluebook. Présidé par le Dr Brian O'Brien, un membre du Conseil Consultatif Scientifique de l'USAF, le comité comptait la présence de Carl Sagan, le célèbre astronome de l'Université de Cornell {http://astrosun.tn.cornell.edu/faculty/sagan/sagan.html}. Son rapport n'offrait rien de nouveau. Il déclarait que ces OVNIS ne menaçaient pas la sécurité nationale et qu'ils ne trouvèrent "aucun cas d'OVNI qui représentait une technologie ou une science en dehors d'un cadre terrestre." Le comité recommandait que ces OVNIS soient intensivement étudiés, par une université importante qui agirait comme coordonnateur pour le projet, afin de régler le problème définitivement. (70)

Le House Armed Services Committee tenu aussi de brèves audiences sur les OVNIS en 1966 et obtenu des résultats similaires. Le secrétaire de l'USAF, Harold Brown, a informé le comité que la plupart des observations étaient aisément expliquées et qu'il n'y avait aucune évidence que des "êtres d'outre espace" aient visité la Terre. Il ajouta cependant que l'USAF gardait l'esprit ouvert et continuait l'étude de tous les rapports d'OVNI. (71)

A la suite du rapport de leur Comité O'Brien, les audiences de la House Armed Services Committee sur les OVNIS, et les révélations sur le réseau CBS que la CIA était impliqué dans le Comité Robertson, l'USAF, en juillet 1966, contacta une fois de plus l'Agence pour déclassifier le rapport Robertson de 1953 et l'intégral du rapport Durant sur les délibérations et les conclusions du Comité Robertson. L'Agence refusa toujours de bouger. Karl H. Weber, Directeur adjoint de l'OSI, rétorqua à l'USAF que "Nous sommes des plus anxieux de ne voir aucune publicité envers les informations selon lesquelles le Comité était parrainé par la CIA." Weber notait qu'il y avait déjà une version assainie disponible au public. (72) La réponse irréfléchie de Weber manquait de vision à long terme. Il ne faisait qu'attirer plus d'attention au Comité Robertson (dissous depuis 13 ans) et au rôle de la CIA dans le phénomène OVNI. Le rédacteur de science de The Saturday Review attira l'attention, d'un océan à l'autre, au rôle de la CIA dans l'étude des OVNIS quand il publia un article critiquant la "version assainit" du rapport Robertson de 1953 et demanda la libération du document entier. (73)

A l'insu des fonctionnaires de la CIA, le Dr. James E. McDonald, un physicien atmosphérique renommé de l'Université de l'Arizona, avait déjà vu le rapport Durant sur les délibérations du Comité Robertson à Wright-Patterson, le 6 juin 1966. Quand McDonald revint à Wright-Patterson, le 30 juin, pour copier le rapport, l'USAF lui refusa l'accès, énonçant qu'il s'agissait d'un document classifié de la CIA. Émergeant comme une autorité en matière d'OVNI, McDonald clamait publiquement que la CIA était derrière le secret et les cover-up de l'USAF. Il exigeait la libération complète des rapports du Comité Robertson et de Durant. (74)

Pliant devant les pressions et la recommandation de son propre Comité O'Brien, l'USAF annonçait, en août 1966, qu'ils étaient à la recherche d'une université importante qui accepterait un contrat pour entreprendre un programme intensif d'enquête sur les OVNIS. Ce nouveau programme avait pour objet d'émousser les continuelles déclarations que le Gouvernement dissimulait ce qu'il connaissait sur les OVNIS. Le 7 octobre, l'Université du Colorado acceptait un contrat de $325,000 avec l'USAF pour une étude de 18 mois sur les soucoupes volantes. Le Dr. Edward U. Condon, un physicien de l'Université du Colorado et ancien Directeur du National Bureau of Standards, accepta de diriger le programme. Se décrivant lui-même un "agnostique" en matière d'OVNIS, Condon ajoutait qu'il avait un esprit ouvert sur la question et pensait que l'origine extraterrestre était "improbable mais pas impossible." (75) Le Brig. Gen. Edward Giller, USAF, et le Dr. Thomas Ratchford du Bureau de Recherche et du Développement de l'USAF devinrent les coordonnateurs de l'USAF pour le projet.

En février 1967, Giller contacta Arthur C. Lundahl, Directeur du National Photographic Interpretation Center (NPIC) de la CIA, et proposa une liaison informelle par laquelle le NPIC pourrait fournir au Comité Condon les services et conseils techniques en examinant des photos d'OVNI. Lundahl et DDI R. Jack Smith approuva la disposition comme une voie de "conserver la porte ouverte" sur ce nouvel effort. Cependant, ils voulaient que la CIA et le NPIC gardent un profil bas et ne prennent aucune part à la rédaction des conclusions du Comité. Aucun travail fait pour le comité, par NPIC, ne devait être reconnu formellement. (76)

Ensuite, Ratchford demanda que Condon et son comité puissent visiter le NPIC afin de discuter des aspects techniques du problème et voir l'équipement spécial que le NPIC avait pour l'analyse photographique. Le 20 février 1967, Condon et quatre membres de son comité visitaient le NPIC. Lundahl réitérait la condition que tout travail du NPIC pour aider le comité ne devait pas être identifié comme un travail de la CIA. De plus, le travail exécuté par le NPIC serait strictement d'une nature technique. Après avoir reçu ces principes, le groupe entendait une série de présentations sur les services et équipements non disponibles ailleurs qu'à la CIA qui avait été employé dans l'analyse de photographies d'OVNI fournis par Ratchford. Condon et son comité furent impressionnés. (77)

Condon et le même groupe se rencontrèrent à nouveau, en mai 1967, au NPIC, pour entendre une analyse des photos d'OVNI prises à Zanesville, Ohio. L'analyse déboulonnait cette observation. Le comité en fut, encore une fois, impressionné par le travail technique exécuté, et Condon remarquait que pour la première fois une analyse scientifique d'un OVNI supportait l'enquête. (78) Le groupe discuta aussi des plans du Comité de faire appel aux citoyens pour obtenir des photos supplémentaires et d'émettre des directives pour prendre des photos utiles d'OVNI. En plus, les fonctionnaires de la CIA consentaient que le Comité Condon puisse libérer le rapport Durant dans sa presque totalité, avec des censures mineures.

En Avril 1969, Condon et son comité déposaient leur rapport sur les OVNIS. Le rapport concluait qui peu de choses était ressorti de l'étude des OVNIS au cours des 21 dernières années et qu'étudier davantage les observations d'OVNI était injustifié. Il recommandait aussi que le projet Bluebook de l'USAF soit interrompu. Il ne mentionnait pas la participation de la CIA dans l'enquête du Comité Condon. (79) Un comité spécial établi par l'Académie Nationale des Sciences passa en revue le rapport Condon et arriva à la même conclusion qu'"il n'y a rien dans les deux dernières décennies qui pourrait justifier une enquête prioritaire sur les OVNIS." Il concluait sa revue en déclarant, "Sur la base des connaissances actuelles, l'explication la moins vraisemblable, pour expliquer les OVNIS, est l'hypothèse de visites d'êtres extraterrestres." Suivant les recommandations du Comité Condon et de l'Académie Nationale des Sciences, le Secrétaire de l'USAF, Robert C. Seamans Jr., a annoncé, le 17 décembre 1969, la fin du Bluebook. (80)

Les années 70 et 80: le problème OVNI refuse de mourir

Le rapport Condon n'a pas satisfaisait beaucoup d'ufologues, qui le considère comme une diversion pour mieux camoufler les activités de la CIA dans la recherche OVNI. Les observations additionnelles au début des années 70 vint alimenter les croyances que la CIA était, d'une manière ou d'une autre, impliqué dans un complot de grande envergure. Le 7 juin 1975, William Spaulding, à la tête d'un petit groupe sur les OVNIS, Ground Saucer Watch (GSW), écrivait à la CIA pour obtenir une copie du rapport du Comité Robertson et tous les dossiers relatifs aux OVNIS. (81) Spaulding était convaincu que l'Agence retenait des dossiers majeurs sur les OVNIS. Les fonctionnaires de l'Agence fournirent à Spaulding une copie du rapport Robertson et du rapport Durant. (82)

Le 14 juillet 1975, Spaulding écrivait à nouveau à l'Agence, questionnant l'authenticité des rapports qu'il avait reçu et alléguant un Cover-up des activités OVNI de la CIA. Gene Wilson, Coordonnateur de l'Information pour la CIA, répondit à Spaulding, essayant de le satisfaire, qu'"à aucun moment antérieurement à la formation du Comité Robertson et subséquent au dépôt du rapport du Comité, la CIA ne s'est engagé dans l'étude du phénomène OVNI." Le rapport Robertson, selon Wilson, était "la limite de l'intérêt et de la participation de l'Agence dans les OVNIS." Wilson inférait aussi qu'il n'y avait pas de document supplémentaire, en possession de la CIA, qui faisait référence aux OVNIS. Wilson était mal informé. (83)

En septembre 1977, Spaulding et le GSW, non convaincu par la réponse de Wilson, transportèrent leur demande d'accès à l'information (FOIA) contre l'Agence, devant les tribunaux, demandant spécifiquement tous documents d'OVNI que possédait la CIA. Submergé par des requêtes similaires pour obtenir l'information de l'Agence sur les OVNIS, les fonctionnaires de la CIA consentaient, après plusieurs procédures légales, d'entamer une "recherche raisonnable" des dossiers de la CIA. (84) Malgré une attitude nonchalante de l'Agence envers l'ordre de court, les fonctionnaires, menés par Launie Ziebell du Bureau du Conseil Général, firent une recherche exhaustive pour trouver des dossiers concernant les OVNIS. Persistant, exigeant, et menaçant même, Ziebell et son groupe fouillèrent partout. Ils trouvèrent même un vieux dossier d'OVNI sous le bureau d'une secrétaire. La recherche produisit finalement 355 documents, totalisant quelque 900 pages. Le 14 décembre 1978, l'Agence les libérait tous, sauf 57 représentant près de 100 pages, au GSW. Il retenait ces 57 documents pour des raisons de sécurité nationale et pour protéger des sources et méthodes. (85)

Bien que les documents libérés ne contenaient aucune information extraordinaire et qu'ils ne révélaient que le peu d'intérêt de l'Agence au phénomène OVNI après le rapport du Comité Robertson de 1953, la presse traita cette libération d'une façon sensationnaliste. Le New York Times, par exemple, disait que les documents déclassifiés confirmaient l'intense intérêt du gouvernement sur le phénomène OVNI et que l'Agence était secrètement impliquée dans la surveillance des OVNIS. (86) Le GSW poursuivit, devant les tribunaux, l'Agence pour la libération des documents retenus, soutenant que l'Agence était toujours en possession de documents clefs. (87) C'est comme pour l'assassinat de John F. Kennedy. Peu importe le nombre de document que l'Agence libérait, et peu importe qu'ils étaient inconséquents, les gens continuent à croire que l'Agence est mêlée dans un Cover-up et la conspiration.

DCI Stansfield Turner était si bouleversé quand il lit l'article du New York Times qu'il demanda à ses officiers supérieurs, "Sommes-nous dans les OVNIS?" Après avoir revu les dossiers, Don Wortman, Directeur adjoint pour l'Administration, a rapporté à Turner qu'il n'y avait "aucun effort organisé de l'Agence pour faire de la recherche en rapport avec des phénomènes OVNI ni, d'ailleurs, n'y a-t-il eu d'effort organisé pour recueillir de l'information sur les OVNIS depuis les années 50." Wortman assura Turner que les dossiers de l'Agence ne contenaient que "quelques correspondances sporadiques traitant avec le sujet", incluant diverses sortes de rapports d'observations d'OVNI. Il n'y avait aucun programme de l'Agence pour activement recueillir l'information sur les OVNIS, et les documents libérés au GSW étaient très peu censurés. (89) Rassuré, Turner demandait au Conseil Général de faire pression pour un jugement sommaire contre la nouvelle poursuite par le GSW. En mai 1980, la cour déboutait la poursuite, trouvant que l'Agence avait fait une recherche adéquate et complète en toute bonne foi. (88)

Pendant la fin des années 70 des années 80, l'Agence conserva son intérêt modéré envers les OVNIS et les observations d'OVNI. Tandis que la plupart des scientifiques réfutaient maintenant les rapports de soucoupe volante comme un item pittoresque des années 50 et 60, des gens au sein de l'Agence et de la communauté d'espionnage transférait leur intérêt à l'étude de la parapsychologie et des phénomènes psychiques associés aux observations d'OVNI. Les fonctionnaires de la CIA s'attaquaient aussi au problème de déterminer ce que les observations d'OVNI pourraient dévoiler sur les progrès Soviétiques en matière de fusée et missile et révisaient les aspects de contre-espionnage du phénomène. Les analystes de l'Agence, Division des Sciences de la Vie de l'OSI et l'OSWR consacraient officiellement une petite partie de leur temps aux OVNIS. Ceux-ci incluaient des soucis de contre-espionnage que les Soviétiques et le KGB utilisaient des citoyens Américains et des groupes sur les OVNIS pour obtenir de l'information sur les programme de développement d'armes (tel que l'avion furtif), la vulnérabilité de la défense aérienne des États-Unis à l'utilisation de missiles calquant les caractéristiques des OVNIS, et les évidences de progrès Soviétique associés aux observations d'OVNI.

La CIA s'occupait également de la coordination de la Communauté d'Espionnage avec d'autres agences en ce qui concerne leur travail en parapsychologie, phénomènes psychiques, et vision à distance (remote viewing). En général, l'Agence gardait une attitude scientifique et conservatrice devant ces problèmes scientifiques originaux. Il n'y avait pas de projet formel sur les OVNIS au sein de l'Agence pendant les années 80, et les fonctionnaires de l'Agence gardaient délibérément les dossiers OVNI au minimum pour éviter que des dossiers libérés ne conduisent à de fausses conclusions. (90)

Les années 80 virent de nouvelles accusations à l'effet que l'Agence détenait des documents à propos d'un écrasement d'une soucoupe volante à Roswell en 1947, au Nouveau Mexique, ainsi que l'apparition de documents qui, apparemment, révélaient l'existence d'une opération américaine ultra-confidentielle de développement et recherche sur les OVNIS, se rapportant directement au Président, à la fin des années 40 et début des années 50. Les ufologues ont longtemps suggéré qu'à la suite d'un accident de soucoupe volante au Nouveau Mexique, en 1947, le gouvernement n'avait non seulement récupéré les décombres de la soucoupe écrasée mais quatre ou cinq corps d'extraterrestres. Selon certain ufologues, le gouvernement tenait mordicus à garder le secret sur ce projet et refusait de divulguer ses résultats d'enquête et de recherche. (91) En septembre 1994, l'USAF produisait un nouveau rapport sur l'incident de Roswell qui concluait que le débris trouvé au Nouveau Mexique en 1947 était probablement ceux d'un ballon du projet Mogul, autrefois top secret, conçu pour surveiller l'atmosphère dans le but de détecter des indices d'essais nucléaires Soviétiques. (92)

En 1984, environ, fit surface une série de documents dans lesquels certains ufologues disaient voir la preuve que le Président Truman avait créé un comité ultra-confidentiel en 1947, Majestic-12, pour s'assurer de la tâche de récupérer les débris d'OVNI de Roswell et tout autre accident d'OVNI pour l'étude scientifique et pour examiner les corps extraterrestres éventuellement récupérés à de tels sites. La majorité, sinon tous ces documents furent prouvés être des faux. La controverse persiste. (93)

Tout comme les théories sur les complots entourant l'assassinat de JFK, le problème OVNI ne partira probablement pas de si tôt, peu importe ce que l'Agence fasse ou dise. La croyance que nous ne sommes pas seuls dans l'univers est trop plaisante et chargé d'émotion et la méfiance envers notre gouvernement est trop grande pour pouvoir ramener le problème au niveau de l'étude scientifique traditionnelle et à l'explication rationnelle.

NOTES:

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Cette page a été mise à jour le 8 décembre 2002.