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Roswell 1947 - Articles par les chercheurs

Le thème discuté:

Cet article de Gildas Bourdais présente son nouveau livre sur l'incident.

Voir ici pour l'ensemble des articles. Voir ici la page principale de ma section consacrée à l'incident de Roswell.

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Réförences de l'article:

L'article:

Roswell:

Enquêtes, secret et désinformation

Par Gildas Bourdais (janvier 2004)

Roswell est peut-être le nom le plus connu dans le monde, concernant les ovnis, mais c'est aussi le plus galvaudé. Rappelons qu'il s'agit de l'accident supposé, en 1947, d'un "disque volant" ou "soucoupe volante," comme on les appelait alors, dans la région de Roswell, au Nouveau-Mexique. Le 8 juillet 1947, la base aérienne des bombardiers atomiques de Roswell avait diffusé un communiqué de presse annonçant la découverte d'un disque volant dans les environs ; mais cette nouvelle spectaculaire, en pleine vague d'observations de ces engins mystérieux - la première grande vague médiatisée des ovnis - avait été démentie le soir même par le général Ramey, commandant la région aérienne à Fort Worth, au Texas: les aviateurs de Roswell avaient trouvé un ballon météo et sa cible radar, et l'avaient pris pour une soucoupe! La presse avait aussitôt accepté cette explication, et l'incident avait été oublié pendant trente ans. Mais, en 1978, l'ufologue américain Stanton Friedman avait retrouvé, presque par hasard, un témoin essentiel, l'ancien Major (commandant) Jesse Marcel, responsable de la sécurité de la base, qui avait ramassé des débris sur le terrain. Marcel, alors en retraite en Louisiane, avait confirmé à Friedman que ces débris étaient très étranges et ne ressemblaient à rien de connu. C'est ainsi que l'affaire de Roswell a été relancée et a fait l'objet de nombreuses enquêtes, d'une multitude de publications, livres, articles et débats depuis une vingtaine d'années. Plusieurs équipes de chercheurs ont accompli un travail considérable et ont retrouvé de nombreux témoins qui ont fait de Roswell l'une des affaires les mieux documentés. Or, elle reste mal connue, même dans le milieu ufologique. Comment cela se fait-il? Sans doute parce nulle autre n'a souffert d'autant de confusion, de thèses contradictoires et, manifestement, de désinformation.

Confusion et désinformation

J'avais écrit un livre sur Roswell, Sont-ils déjà là? Extraterrestres: l'affaire Roswell, paru en 1995 aux Presses du Châtelet. Ce livre est épuisé, et il avait besoin, de toutes façons, d'une grosse mise à jour, car il s'est passé beaucoup de choses depuis cette date. C'est ce que j'ai tenté de faire dans mon nouveau livre, Roswell. Enquêtes, secret et désinformation (1).

Lorsque l'on évoque le "crash de Roswell", il s'agit, pour beaucoup de gens, du "canular de l'extraterrestre de Roswell", et de rien d'autre. L'événement le plus marquant en effet, et aussi le plus destructeur, a été la diffusion en 1995, par un petit producteur de musique britannique, d'un film censé montrer l'autopsie d'un extraterrestre découvert à Roswell. Aussitôt dénoncé comme un canular, ce film étrange a fait un beau scandale et a causé un tort considérable, non seulement à l'affaire de Roswell, mais aussi à l'ufologie en général, avec l'aide des sceptiques qui se sont fait un plaisir de pratiquer l'amalgame. C'est l'un des aspects importants qu'il faut analyser pour comprendre à quel point le dossier de Roswell a été plongé dans la confusion, mais il y en a beaucoup d'autres.

En 1994, l'armée de l'Air américaine, pressée par une enquête ouverte par la cour des comptes du Congrès, le GAO (General Accounting Office) à la demande du député Steven Schiff, a remplacé l'explication initiale du ballon météo pas une hypothèse plus complexe, celle d'un train de ballons "Mogul", lancé sur la base de White Sands. C'était un projet très secret, destiné à mettre au point un moyen de détection des futures explosions atomiques soviétiques, et c'était, selon l'Air Force, la raison pour laquelle on avait caché à l'époque sa découverte. Or, malgré la publication en 1995 d'un énorme document d'un millier de pages, The Roswell Report, puis d'un second livre en 1997, intitulé bravement The Roswell Report. Case Closed, les militaires américains n'ont pu apporter aucune véritable preuve de cette nouvelle explication. Pas le moindre bout de papier, télex ou note en archive, qui la prouverait indubitablement. Au contraire, leur documentation indique assez clairement que le train de ballons Mogul numéro 4, le seul qui aurait pu théoriquement causer cette méprise, n'avait très probablement jamais décollé! C'est l'un des aspects nouveaux que j'ai développés dans mon livre. A l'inverse, les témoignages sur la découverte très secrète d'un ovni et de cadavres non humains, dans la région de Roswell, se sont plutôt renforcés ces dernières années. Il est vrai qu'il y a eu des défections, telles que celles de Frank Kaufmann et Jim Ragsdale, qui ont été bien entendu soulignées par les sceptiques, comme Karl Pflock, mais d'autres témoins ont été retrouvés, si bien que la thèse de l'ovni tient toujours. Il y a donc un travail à faire pour "réhabiliter", en quelque sorte, cette affaire de Roswell. Pour en avoir une idée, je renvoie le lecteur au sommaire détaillé du livre à la fin de cet article. Pour l'instant, je propose de regarder d'un peu plus près cette drôle d'histoire de ballons que les aviateurs de Roswell auraient pris pour une soucoupe.

Soucoupe ou ballon?

En 1994, l'armée de l'Air a concédé qu'elle n'avait "pas dit toute la vérité": c'était en fait un grand train de ballons, très secret, avec des cibles radar et des instrument. Mais il est facile de souligner les faiblesses de cette nouvelle histoire de ballons. D'abord, les divers éléments qui le composaient n'étaient pas plus mystérieux qu'un seul ballon. Vingt ballons font-ils une soucoupe? Bien sûr que non. Il aurait suffi aux officiers de Roswell d'identifier un seul élément de cet attirail banal pour clore la question. Par exemple, l'une des fragiles baguettes de balsa servant d'armature aux cibles radar, lesquelles ressemblaient plus à un cerf volant qu'à une soucoupe! Ou même l'un des instruments attachés à la corde en nylon, qui n'étaient pas plus mystérieux: réservoir de ballast, batterie électrique, émetteur radio, "bouée acoustique" à l'allure de bidon métallique. En outre, ces instruments n'ont même pas été retrouvés parmi les débris découverts sur le ranch Foster, ni par le fermier "Mack" Brazel, ni par les militaires venus les récupérer. Il n'y a aucune preuve sérieuse de l'hypothèse "Mogul", pas même le fameux "scotch à fleurs", dont je vais parler plus loin.

Une autre question vient vite à l'esprit, au sujet du communiqué de presse: comment ces officiers d'élite avaient-ils pu, non seulement se tromper aussi lourdement - s'il l'on en croit l'armée de l'Air - mais en outre aggraver leur cas dramatiquement en faisant cette annonce extraordinaire, au mépris des règles les plus élémentaires de secret militaire, auxquelles ils étaient pourtant particulièrement bien formés? Ce n'est pas le moindre mystère de cet incident du 8 juillet. Pour une telle erreur, ils auraient dû être sévèrement sanctionnés, or il n'en a rien été. Le colonel William Blanchard, qui commandait cette base, fit ensuite une remarquable carrière jusqu'au sommet de l'armée de l'Air, atteignant le grade de général à quatre étoiles. Le Major Jesse Marcel, l'homme qui avait récolté les débris sur le terrain, était très bien noté de ses supérieurs, avant et après l'incident, comme le prouve son dossier militaire, contrairement aux calomnies dont il a été victime ces dernières années. Il fut promu quelques mois plus tard au Pentagone à un poste de responsabilité où il devait, justement, s'occuper de la détection des futures bombes atomiques soviétiques! Si Marcel avait vraiment pris un train de ballons Mogul, destiné à la détection de ces explosions atomique soviétiques, pour une soucoupe volante, l'aurait-on affecté à ce poste? Et en plus, aurait-il eu envie d'en reparler trente ans plus tard avec les enquêteurs sur Roswell? Lors du démenti de Fort Worth, Marcel a été photographié devant des débris de ballons, mais il a bien confirmé, contrairement à certaines allégations visant à semer la confusion, qu'il ne s'agissait pas des "vrais" débris. C'est l'un des aspects de la polémique que je me suis efforcé de clarifier dans mon livre.

Ci-dessus: Le Major Jesse Marcel photographié devant des débris de ballon et de cible radar, à Fort Worth le 8 juillet 1947.
(The Roswell Report. Case Closed)

L'hypothèse du train de ballons Mogul a été défendue avec acharnement par les sceptiques, au premier rang desquels figure le professeur Charles Moore (à ne pas confondre avec l'ufologue William Moore). Il était à l'époque jeune étudiant et membre de l'équipe de la New York University chargée de mettre au point ces trains de ballons. En 1995, Charles Moore s'est lancé dans des calculs byzantins pour arriver à faire atterrir le train de ballons numéro 4, le seul qui pouvait théoriquement convenir car il était censé comporter des cibles radar, sur le terrain du fermier Brazel, à l'endroit exact où il avait trouvé le mystérieux champ de débris. Des ufologues tenaces, en particulier David Rudiak et Brad Sparks, ont souligné le caractère illusoire de ces calculs (et entachés d'erreurs selon eux), Moore n'ayant en fait aucune donnée sur ce lancement et devant s'inspirer des vols suivants. Ils ont fait un remarquable travail, mais on peut en faire un critique encore plus radicale, et très simple: selon toute vraisemblance, ce train de ballons n'avait jamais décollé! Cela apparaît clairement dans les documents que contient le volumineux Roswell Report de l'Air Force, notamment les rapports de la New York University, qui ne mentionnent absolument pas de vol Mogul 4, et surtout le journal personnel du géophysicien Albert Crary qui dirigeait ces lancements. Il y a écrit clairement que le vol, prévu à la fin de la nuit du 3 au 4 juin, avait été annulé à cause du mauvais temps. Après cette annulation, Crary avait lancé dans la matinée du 4 une simple grappe de ballons, telle que l'équipe en lançait tous les jours à White Sands, pour s'entraîner et tester les équipements.

Ci-dessus: Schéma des petites grappes de ballons lancées tous les jours par la New York University à White Sands en juin 1947.
(The Roswell Report)

Ces grappes comprenaient trois à cinq ballons météo (jusqu'à sept selon Karl Pflock), et deux ou trois cibles radar. Crary dit dans son journal qu'il y avait accroché une bouée acoustique, qui avait peut-être nécessité quelques ballons de plus, mais on restait encore loin d'un train complet selon le modèle "Mogul". Ce qui a pu se produire, en revanche, c'est que l'une de ces petites grappes - celle du 4 juin, ou une autre - soit tombée sur le terrain du fermier Brazel et qu'il l'ait trouvée le 14 juin, comme il l'a raconté aux militaires, puis à la presse sous leur direction. Mais cette découverte, à laquelle il n'avait d'ailleurs attaché aucune importance, n'avait rien à voir avec sa découverte du grand champ de débris étranges, au début de juillet, qui avait motivé son voyage à Roswell, et le "branle bas de combat" des militaires. Cela expliquerait très simplement pourquoi Brazel avait mentionné, parmi les débris de ballons du trouvés le 14 juin, du ruban adhésif décoré de dessins de fleurs stylisées, dont étaient justement dotées les cibles radar utilisées par la New York University. On a fait grand cas de ce détail pour "expliquer" les symboles étranges remarqués par le Major Marcel et son fils sur les vrais débris, mais en réalité cet argument est ridicule et n'explique rien. Les aviateurs d'élite de Roswell n'auraient pas pu prendre de tels débris, avec des dessins de fleurs sur du papier collant, pour ceux d'une soucoupe volante, et en plus l'annoncer au monde entier. L'explication de l'armée de l'Air est aussi fragile que les petits ballons météo et cibles radar sur lesquels elle en est réduite à s'appuyer, et le mystère de Roswell reste entier.

  • (1) Roswell. Enquêtes, secret et désinformation.

    JMG Editions, 8, rue de la Mare - 80290 Agnières.

    Diffusion Casteilla. ISBN 2-915164-07-X. Prix: 18,50 Euros.

  • Sommaire détaillé:

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    Cette page a été mise à jour le 19 juin 2004.