L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Le Provençal, Marseille, France, page 5, le 24 février 1954.
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Londres (A.F.P.).
"L'Evening News" rapporte "l'étrange incident" survenu à un pilote, M. Douglas Gilbert, qui se rendent de Cheltenham à Croydon, à bord d'un avion de faible tonnage.
Celui-ci a déclaré, en effet, qu'au cours de son vol, la boussole installée sur le cadran de bord avait brusquement éclaté, sans raison apparente. Arrivée sur l'aérodrome de Croydon, M. Gilbert, vérifiant les positions sur une carte, a constaté que la boussole d'était brisée juste au moment où il passait au-dessus d'une section de la route Londres - Potsmouth, baptisé le "mille des projectiles", en raison des centaines d'incidents qui s'y sont produits récemment.
En de nombreuses occasions, en effet, des automobilistes d'étaient plaints qu'alors qu'ils parcouraient ces 1.600 mètres, le pare-brise de la voiture avait brusquement volé en éclats. Une enquête avait été menée sans aucun succès. Diverses hypothèses avaient été avancées, attribuant généralement ces dégâts au lancement d'un projectile quelconque par un personnage mal intentionné. La question semble à présent rebondir.
L'avis de M. Gilbert, qui pilote des avions depuis quinze ans, ainsi d'ailleurs que plusieurs de ses collègues, est que ces dommages doivent être attribués à des vibrations de l'air. Celles-ci auraient pu être causées par un avion franchissant la barrière du son.
Mais bien que plusieurs appareils à réaction effectuaient des évolutions au moment de l'incident survenu à M. Gilbert, aucun d'eux ne franchit la barrière du son. Cela, d'ailleurs, ne suffirait pas à éclaircir le mystère ou du moins il faudrait une explication supplémentaire, car, en ce qui concerne les voitures, seule une portion de route est affectée par ce phénomène.
L'épidémie "d'explosions" de parebrises en 1954, appelée "cancer des vitres" ou "parebrisite" est devenue un exemple souvent cité "d'illusion collective" ou "hystérie de masse". Sociologues et psychologues font référence à ces incidents en France, aux Etats-Unis pour assurer que les "foules" peuvent facilement être la proie de mythes collectifs sans fondements.
Et bien entendu, certains ufologues "sceptiques" expliquent que la "parebrisite" qui a précédé la vague des "soucoupes volantes" de 1954 prouve que les soucoupes aussi ne sont qu'illusions.
Aucun ne met en avant le point suivant: "l'hystérie collective" ici ne concernerait de toute façon que l'interprétation des faits, pas les faits eux-mêmes. Et les interprétations n'étaient pas réellement "hystériques", elles étaient des tentatives de rationalisation tout à fait compréhensibles et sensées dans le contexte de l'époque.
Toutes sortes d'explications avaient été avancées à l'époque pour le "cancer des vitres", telles qu'un effet des expérimentations atomiques, une activité de Martiens, ou celle de "vandales". Aux Etats-Unis, la police avait constaté que l'épidémie touchait surtout les anciennes voitures, et on a pensé que les vitres explosaient donc par la suite de leur usure.
Dans les explosions de parebrises rapportées en France en 1954, je constate des "constantes": la mention d'une lumière ou d'un éclair, bleu quand la couleur est mentionnée, l'absence de sens d'une explication par les vandales, les Martiens, les essais atomiques, l'assurance du ou des témoins qu'aucun caillou n'aurait heurté le pare-brise, l'audition d'un don d'explosion, l'opacité de la vitre après l'explosion.
Certains de ces aspects n'ont aucune étrangeté: le bruit d'explosion est parfaitement normal quand un pare-brise se brise. La vitre devient opaque parce que la couche de protection anti-éclatement produisait cela. L'absence de constatation d'un choc par un caillou ou autre peut s'expliquer également: le pare-brise a peut-être été fendu par un choc longtemps avant, et explose plus tard donc sans constat de choc.
J'ai moins d'idées quant à la lumière ou l'éclair. Est-ce une illusion causée par la soudaine opacité de la vitre?
En 1954, l'auteur de science-fiction et pionnier de l'ufologie Jimmy Guieu reliait ce mystère aux extraterrestres, mais peu d'ufologues l'ont suivi dans cette voie. La presse l'avait fait parfois, mais sans prétendre au sérieux de cette "explication".